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21 février 2009

Hôtel des Amériques (1981) d'André Téchiné

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Je ne gardais qu'un souvenir très flou de ce film de Téchiné que j'ai soudainement eu envie de revoir (un besoin de Patrick Dewaere, on va dire) et ce n'est point étonnant vu qu'il s'agit tout de même d'une histoire d'amour toute aussi floue. On a l'impression que ce film appartient à un genre de cinéma qui n'existe plus; difficile de dire si cela est typique de la fin des années 70 et du début des années 80, mais on oscille constamment entre un romantisme fébrile, une sorte de passion en pointillé, et la peur de vraiment s'investir dans un couple, une histoire d'amour.

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Leur rencontre est une vraie rencontre de cinéma, une nuit, à Biarritz, par le plus grand des hasards, Catherine Deneuve en bagnole renverse Patrick Dewaere à pied. Elle a pas l'air de très bien savoir où elle en est, il n'a pas l'air de très bien savoir où il allait, il n'a d'yeux que pour elle dans ce café où elle finit par s'assoupir... Il faut avouer que Catherine Deneuve a vraiment la grande classe et qu'elle joue à merveille ce personnage de femme un peu paumée, sentimentalement parlant (son mari est mort, elle semble bien seule dans cette ville de province). Patrick Dewaere vit de petits taffs dans le tourisme et entretient son meilleur pote qu'il loge dans l'hôtel dont s'occupent sa mère et sa soeur. Il ne sait pas trop ce qu'il veut, hésite en permanence entre deux escapades à la ramasse mais voudrait bien coucher avec cette femme, sûrement trop bien pour lui de son propre avis... Le film va être un éternel chassé-croisé entre ces deux individus que tout semble opposer au départ mais qui semblent avoir besoin l'un de l'autre, comme une bouée de sauvetage. Deneuve est une femme de caractère qui a besoin de faire le deuil de son passé. Dewaere est encore un adolescent rêveur qui ne sait pas trop ce qu'il veut. Les deux tentent de s'adapter aux états d'âmes de l'autre et, entre deux clashs, deux caprices, semblent attirés l'un vers l'autre de façon quasi magnétique.

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Le film demeure assez jouissif car il s'agit de deux duettistes au sommet de leur art (Deneuve resplendissante et émouvante, Dewaere, sublimement sobre et un peu perdu). La partition écrite par Téchiné et Gilles Taurand, tout comme celle de Sarde d'ailleurs, laisse beaucoup de place au temps mort, à ces petits moments de doute où nos deux personnages partent un peu à la dérive. C'est relativement minimaliste dans l'écriture mais toujours éclairé de façon tonitruante par un Bruno Nuytten qui n'y va pas de main morte sur les couleurs (le manteau vert pétant de Deneuve sur son chemisier bleu pétant, rah, ça pète). On a l'impression parfois d'assister à une histoire d'amour flamboyante qui passe son temps à essayer de renaître de ses cendres. Les deux personnages passent plus de temps à se chercher eux-mêmes ou à se chercher l'un l'autre qu'à tenter réellement de s'appuyer l'un sur l'autre. C'est au final une drôle d'ambiance, de danse, où les deux cavaliers ne paraissent jamais sur le même pas (le petit côté chien fou de Dewaere qui tend à s'assagir, le petit côté trop froid et responsable du personnage de Deneuve qui tend à s'ouvrir). Le film passe comme un charme, sans qu'il ne se passe vraiment grand-chose, mais c'est aussi pour cela qu'on aime Téchiné. La confession de Dewaere, en solitaire, dans la dernière séquence,  est de toute façon suffisamment renversante pour finir par vous couper les pattes.

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