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27 janvier 2009

Archangel (1990) de Guy Maddin

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Influence russe eisensteinienne et surréaliste buñuelienne, pour cet opus "de jeunesse" du Maddin d'une grande limpidité scénaristique (ouais pasque des fois c'est quand même pas toujours très clair, chez l'enfant). On retrouve les thèmes de l'amour fou, du souvenir et de l'amnésie, une atmosphère pleine d'évanouissements et de combats sanglants, un récit parcouru de dormeurs semi-éveillés avec "en toile de fond" la première guerre mondiale... Toujours les petits craquements de la bande-son qui alternent avec une musique à grands renforts de cuivre, de minuscules flocons de neige qui viennent parsemer l'image comme du gruyère sur un gratin, et ces longs passages muets qui contrastent avec des dialogues dédiés souvent à des serments amoureux.

archangel1

1919, au nord de la Russie, la guerre est finie, mais pas dans ce petit Archangel que l'on a point pris la peine d'avertir. Le lieutenant Boles, en provenance du Dominion du Canada tente d'oublier sa douce Iris récemment décédée. Il est cantonné dans une famille assez pauvre où il fait la connaissance de deux soeurs : Danchuk qui est mariée à un homme plutôt empoté et assez lâche (il préfère son pyjama à sa tenue de soldat) et la belle Veronkha qui ressemble, de façon plus vraie que nature, à Iris; Vero est mariée à un homme amnésique qui croit que chaque soir est sa nuit de noces (faut dire, lors de la première, il avait fauté avec une servante et, surpris "la main dans le sac" par sa femme, on comprend qu'il ait besoin de tout oublier...). Notre gars Boles flashe littéralement sur la Vero, allant jusqu'à s'évanouir (on retrouve ses esprits chez Maddin en se faisant frotter le corps à coups de brosses de chevaux et on se fait beau en enduisant son corps de talc : on aime bien montrer les abdos du héros, quoi...). Voilà pour la trame principale où l'on retrouve toujours des petites notes originales ou poétiques qui font mouche : les dormeurs dans les tranchées réveillés par une invasion de gros lapins blancs, Boles qui part à la recherche de Vero avec une carte au trésor, les ombres chinoises des soldats ou Boles et Danchuk qui évitent les fantômes sur le champ de bataille, le gros mari de Danchuk qui est éventré (des intestins en forme de saucisse, curieusement) et qui, dans un dernier sursaut de courage, attaque les Boches en les étranglant avec ses propres intestins (blurp), les réconciliations entre un père et son fils après leur mort - belle image des deux fantômes qui se jettent dans les bras l'un de l'autre -, ou encore un Boles, à la poursuite d'une Vero qui lui échappe, assoiffé de désir, et dont le sang s'échappe à gros bouillons, buñueliennement, de sa bouche... On oscille toujours entre un ton assez tragique - des séquences avec de multiples cadavres et des histoires d'amour finalement souvent impossibles - et des petits clins d'oeil humoristiques qui nous font toujours échapper un "pfsttt!" de surprise - la mère qui donne en récompense à Boles (unijambiste), qui vient de sauver son fils victime d'une crise d'apoplexie, la jambe de son défunt mari. Les héroïnes de Maddin ont toujours ce teint diaphane et ce regard hagard et notre pauvre Boles de laisser filer entre ses doigts ces figures tragiques et angéliques d'une autre ère... Po de bol-es mais un bien joli film.

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Mad de Maddin : clique

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