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Shangols
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GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
25 janvier 2009

Speed Racer de Andy et Larry Wachowski - 2008

18923353_w434_h_q80Il paraitrait, selon certains critiques, qu'on aurait affaire là à un grand film conceptuel qui mélangerait l'entertainment le plus commerçant à l'art contemporain le plus pointu. Un coup d'oeil s'imposait donc. Résultat des courses : mon imaginaire a peu de points communs avec celui des Wachowski brothers. J'avais déjà eu du mal à contenir mon hilarité devant les poses sérieuses du manga Matrix, et Speed Racer n'inverse pas vraiment la donne, même si pour le coup ce film est plus léger et plus drôle que l'autre. Ceci dit, bon, quand même, c'est pas inintéressant. Deux points.

C'est clairement un film pour enfants, ce que Matrix assumait mal. Et la grande qualité des brothers, c'est de ne s'adresser qu'à eux, de les faire voyager dans un style qu'ils doivent bien être les seuls à comprendre : celui des jeux vidéo, celui de la virtualité la plus complète. Le rythme du film, proprement hallucinant de rapidité, ne peut que laisser sur le côté les tenants d'un cinéma classique : on est là dans une contemporanéité esthétique que les plus de 20 ans ne peuvent pas connaître, et bravo aux Wachowski de s'y tenir avec tant de conviction. Speed Racer e18873409_w434_h_q80st touchant de sincérité, les gusses brandissant leur style pétaradant avec une profonde conviction. C'est kitsch, c'est tellement coloré que c'en est est presque vomitif, c'est épileptique au dernier degré, c'est incroyable de "speed", mais tout cela est tellement personnel, tellement inédit, on reconnaît tellement la présence de vrais réalisateurs derrière la caméra que c'en est touchant. Leur univers est introuvable nulle part ailleurs, même si on reconnaît ça et là des influences certaines (Tim Burton, Baz Luhrman ou les productions Pixar). Du coup, on est curieusement plongé dans un monde parallèle, qui ne doit rien à personne, mélange troublant de l'esthétique la plus vintage qui soit et de l'abstraction contemporaine la plus ultime. On pourrait croire que Speed Racer est la mort d'un certain cinéma (celui des acteurs, celui de l'enregistrement direct) ; il est en fait la naissance d'un autre, profondément tourné vers les 18873414_w434_h_q80technologies, les nouveaux supports, le multimédia, etc. A l'heure où le monde devient une pure virtualité, où tous les messages deviennent mondialisés, où les images nous arrivent par 50 biais en même temps, c'est bien vu. C'est donc ni plus ni moins qu'une petite révolution, d'autant que la virtuosité des Wachowski laisse franchement sur le cul : leur façon de raconter en un seul souffle, enchâssant les scènes les unes dans les autres, faisant pénétrer les flash-backs ou les parenthèses à l'intérieur même des scènes, est incroyable. Ca fait mal à la tête, certes, mais c'est plus que brillant, et constamment inventif.

Bon, ces louanges une fois adressées, reste que le film est quand même léger léger : une morale cul-béni (la beauté du sport face au pouvoir de l'argent, la grandeur de la famille blabla, la déification du self-made-man, 18923356_w434_h_q80et tutti quanti), un scénario franchement peu passionnant (notre héros parviendra-t-il à gagner ses courses malgré les tricheries des autres ? La réponse est oui), et plein de personnages soulants (c'est le retour du chimpanzé habillé en clown, qu'on croyait disparu depuis les Charlots). Mieux vaut oublier ces scènes convenues, ces dialogues écrits sur un coin de nappe, ces personnages aussi profonds qu'un dos d'âne, et cette trame sans intérêt, et rester impressionné devant la forme, qui ferait passer Mission Impossible II pour une partie de jokari. Les Wachowski continuent de tracer leur sillon ; on aime le suivre ou pas, mais c'est déjà une belle qualité.   (Gols 24/01/09)


speed_racerLe 24 janvier est donc la journée officielle pour mater Speed Racer, car, allez le croire ou pas, hier, au même moment, à quelque 10.000 km de là, j'avais entrepris de mater le même film que mon collègue... Et de faire exactement, mais alors exactement, les mêmes constats : les Wachowski sont pas des branle-manette lorsqu'il s'agit de créer un univers (ici rose bonbon après le verdâtre Matrix - j'ai arrêté après le premier de peur de me brouiller définitivement avec mes contemporains), de faire péter la sono ou de régler des combats qui feraient passer Bruce Lee pour un panda : on a pas le temps d'aller chercher un second seau de popcorn, on risquerait de manquer 32524 plans. Au niveau du scénario, on se demande par exemple s'il ne sous-traite pas à Luc Besson et ça c'est rude. Il s'agit donc cette fois-ci d'un truc du genre David contre Goliath, le David étant un jeune pilote dont le père garagiste, ressemble furieusement à Saddam Hussein : c'est pas grave, on peut partir avec un certain handicap dans la vie et réussir... Bien aimé, pour ma part, les yeux ronds comme des billes de la chtite Christina Ricci (seul point commun à mes yeux avec l'univers passablement plus torturé d'un Burton), quant à la présence du chimpanzé, elle donne tout de même la curieuse impression que les autres acteurs appartiennent tous à la même famille (ça doit être pour cela que Keanu Reeves se sent comme un poisson dans l'eau avec les brothers W.). Voilà, pour conclure, on parle bien ici d'un film pour enfants, tendance bouillie, qui s'avale gentiment sans avoir la peine de desserrer les dents. Les W. devrait produire une biopic de Godard, on se marrerait grave...   (Shang 25/01/09)

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