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8 janvier 2009

L'Œil du diable (Djävulens öga) d'Ingmar Bergman - 1960

2887471094_51376ea910Projet assez bancal sur le papier, mais qui se révèle être un Bergman plaisant, L'Œil du diable n'est qu'en partie réussi. Ce qui convainc, c'est cette légère promenade dans les sentiers peu rebattus de la comédie. Ingmar sait être très léger quand il le veut, et ce film-là n'est ni plus ni moins qu'un vaudeville sophistiqué, qui se pique en plus de mettre en place une imagerie folklorique vraiment jolie. Un peu comme Le Septième Sceau, si vous voulez, mais drôle... moui...

Ca se passe en enfer, avec ce qu'il faut de flammes tourbillonnantes et de petits démons torves. Le diable a un orgelet à l'oeil ; la cause : une jeune femme sur la Terre est "pure" (entendez qu'elle n'a jamais couché), et Dieu s'apprête à faire sonner les trompettes pour fêter ça. Le diable va donc envoyer THE séducteur, Don Juan lui-même, pour séduire la fille. Il n'a que quelques heures... Ce début est parfaitement mignon et rigolo : entre le programme mis en imageplace pour punir Don Juan de sa vie de débauche (il séduit chaque jour une femme, qui disparaît dès qu'il la conquiert, argh) et la tronche des conseillers du diable (deux marquis poudrés au passé chargé), Bergman laisse libre court à une fantaisie peu habituelle chez lui, n'oubliant pas au passage de livrer quelques plans bergmaniens à mort (le diable qui se regarde dans un petit miroir). Ca continue dans cette veine avec l'arrivée de Don Juan et de son valet sur terre : ils embobinent un brave pasteur concon et d'un indécrottable optimisme, dans un riant décor de campagne qui ne paye pas de mine.

Ensuite, malheureusement, le film se fait plus confus : on ne sait plus trop si on est dans la comédie ou dans la déjà vue allégorie sur le sens de la vie et la métaphysique de l'amour. Les passages avec le pasteur restent d'une belle légèreté, avec ces allusions aux farces du Moyen-Age et djavulens1au vaudeville, mais la partie "séduction" est faite avec un sérieux un peu en porte-à-faux avec le sujet. En eux-mêmes, ces dialogues profonds sur la fidélité sont beaux, mais ils s'insèrent mal dans un scénario léger. Les acteurs n'aident pas à y voir clair, surtout Sganarelle (appelé Pablo, ici, tiens), hésitant sans arrêt entre farce et drame, et physiquement peu crédible en séducteur de la mère. On quitte petit à petit l'agréable scénario du début, pour trouver un portrait de Don Juan en séducteur/séduit, revenant avec force grimaces sur son passé immoral. Le constat est amer : les temps changent, l'amour ne tient que grâce aux cachotteries et aux mensonges, le monde n'est ni beau ni laid, le mal a son mot à dire partout, et les femmes sont infidèles. C'est bien sûr bien écrit, intelligent et subtil, mais on aurait préféré que Bergman tranche un peu plus sur le ton de son film, qui est un peu maladroit au final.

l'odyssée bergmaneuse est là

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