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Shangols
REALISATEURS
GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
26 juin 2008

More de Barbet Schroeder - 1969

pwatersfilmsmore316

En pleine vague hippie, Schroeder faisait déjà le constat d'une certaine faillite de la philosophie peace and love, avec ce film amer et dur qui n'a pas dû lui attirer que de l'admiration de la part de ses congénères flowerpowerisés. More raconte les expériences hallucinogènes d'un couple qui se coupe du monde à grands coups de drogues. Certains vivent d'amour et d'eau fraîche (B**t**n et Shang en ce moment, par exemple); eux vivent de relations vacillantes et d'héroïne, ce qui est moins probant. On a droit à tout un catalogue des différentes façons de se démonter la tête en 69, certaines joyeuses (on attaque des moulins à vent, on hurle de joie face à la mer), d'autres moins sympas (on prend son copain pour le diable ou on s'évanouit dans la tempête).

Au final, le résultat est bien noir. Schroeder est partagé sans cesse entre une vraie admiration pour ce couple libéré et soudé, et une critique sans appel de leurs choix d'évasion. Derrière la douce folie hippie se cachent la douleur,101289625_caab274558_b les coups, la maladie, la déchéance. Si le gars appuie sans cesse sur les symboles peace and love de l'époque, c'est pour mieux en montrer les dangers : le soleil, but de la recherche du héros, brûle les yeux de ceux qui lui consacrent un culte ; le sexe ne conduit qu'à la domination et au fric ; l'exil dans la nature ne mène qu'au désoeuvrement. More revêt parfois un style presque antonionien, dans sa façon de regarder ce couple : épure, abstraction, lenteur des rythmes, on se croirait dans Le Désert rouge. Seules quelques traces d'humour témoignent d'une plus grande souplesse de ton. Schroeder décide de filmer les délires des gusses de l'extérieur, de façon presque clinique mais sans refuser une certaine empathie. On est loin des tentatives de restitution des effets de la drogue propres à un Gilliam ou à un Aronofsky : ici, on constate, et on glisse doucement une certaine prise de conscience morale chez le spectateur. Le réalisme est là, malgré le grand formalisme du film, si bien qu'on a aussi un peu l'impression que cette prise de conscience frôle l'auto-critique de Schroeder lui-même.

pwatersfilmsmore319Les deux acteurs sont impressionnants dans la vérité de leurs personnages, à croire qu'ils sont eux-mêmes shootés jusqu'aux oreilles : Klaus Grünberg (inconnu, mais impliqué), visage étrange et très habité, oscille entre brutalité et douceur en un clin d'oeil ; Mimsy Farmer (gironde et impliquée) est troublante de sensualité et de modernité mélangée. Ils font oublier les quelques tunnels du film, les sous-trames un peu maladroites ou les longueurs de rythme. La musique impeccable de Pink Floyd finit de remporter le morceau : More est une proposition en marge des films de cette époque. Schroeder confirmera son scepticisme dans La Vallée.

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