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4 février 2008

Aventure Malgache d'Alfred Hitchcock - 1944

Bouddha semble bien s'être absenté un peu pendant l'écriture et le tournage d'Aventure Malgache : c'est très pauvre, et seul le fan invétéré que je suis tente de s'accrocher à quelques éléments intéressants pour justifier le culte. C'est un film de commande, et un film de propagande, on ne peut donc pas lui demander beaucoup plus que de faire son métier, mais tout de même.

malgache2

Au niveau de la propagande pure, les commanditaires ont d'ailleurs dû y trouver à redire : certes, Hitch exalte le courage des Résistants, tout en noblesse d'opinion et en abnégation, flirtant avec l'illégalité et le danger en vrais héros ; mais il ne peut s'empêcher d'y ajouter un message sur l'indépendance de Madagascar, à une époque où ça ne devait pas être tout à fait à l'ordre du jour. A la fin du film, Clarus, chef de la Résistance exalté, hurle dans un micro de radio son désir de voir le pays se libérer du joug des dominants, et on ne peut s'empêcher d'extrapoler sur l'identité véritable de ces dominants. Curieuse tendance, d'autant plus inattendue que le reste du film cache sans vergogne toute trace de la présence indigène sur l'île. Mis à part un gardien de prison hilarant (il arrive à rester 4 minutes absolument immobile la main en l'air, comme un arrêt sur image) et un manucure improbable, simples figurants, les Noirs sont absents du film, et c'est quand même gênant.

aventure_20malgache_201

A part ce minuscule crypto-message, rien à signaler ou presque dans ce film trop dialogué, mal joué, flou dans son montage et dans sa mise en scène. Il y a de grosses erreurs de forme, comme ces décors de cellule qui ressemblent au palais de Sissi impératrice, ce dédain de l'ellipse qui fait qu'on nous inflige tous les détails inutiles d'un mouvement (on avait compris que le gars quittait la pièce sans qu'on soit obligé de nous le montrer en train de sortir), ou cette musique tonitruante. Pire : le film est construit en flash-backs, mais oublie complètement que ceux-ci sont conçus au départ pour être l'expression subjective du seul Clarus ; on assiste à une ou deux scènes où celui-ci est absent, la logique s'en trouve bêtement anéantie, et on n'y croit plus. Sur le même principe, Bon Voyage, l'autre film de Bouddha de la même époque, était autrement plus maîtrisé à ce niveau.

malgache1

Quelques petites choses quand même : un bel "à-plat" de décor lors d'un plan furtif d'évasion en bateau (qui rappelle Lifeboat) ; l'intervention d'un réveil-radio (et non pas d'un radio-réveil, merci Shang) qui laisse rêveur par son manque de discrétion ; un regard larvé et vicieux d'une nana sur un téléphone, qui laisse augurer du pire ; et surtout une idée taquine qui rappelle le grand Hitch "inutile" : coincé par le débarquement allié, un pétainiste décroche le portrait du Maréchal... et cache aussi sa bouteille d'eau de Vichy au cas où. Sinon, morne plaine. La guerre a fait bien des ravages.

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