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21 janvier 2008

Effi Briest (Fontane - Effi Briest oder: Viele, die eine Ahnung haben von ihren Möglichkeiten (...)) (1974) de R.W. Fassbinder

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Tant qu'on est dans les titres, ce film de Fassbinder pourrait se targuer d'être le plus long de l'histoire du cinéma (mais j'attends vos propositions); in extenso cela donne: Fontane - Effi Briest oder: Viele, die eine Ahnung haben von ihren Möglichkeiten und Bedürfnissen und dennoch das herrschende System in ihrem Kopf akzeptieren durch ihre Taten und es somit festigen und durchaus bestätigen soit, en français, "beaucoup de gens qui ont une idée de leurs possibilités et besoins mais qui pourtant acceptent le système dominant dans leur tête et par leurs actions et ainsi le renforcent et l'entérinent complètement"; avec ça on tient déjà une bonne intro, non?

fontane_effi_briest

La très jeune Effi fait penser quelque part à la pauvre Emma Bovary; non point qu'elle se berce de récits littéraires mal digérés, mais mariée très jeune, elle ne cache pas son goût lorsqu'elle se marie pour les biens matériels - de qualité s'il vous plaît; au départ, son -vieux- mari, qui occupe la charge de conseiller, fontane_effi_1_einhl'impressionne avec ses histoires de fantômes; mais très rapidement, elle se rend compte que ce n'est pas vraiment la fête du string, que son mari cherche plus à lui faire peur qu'autre chose, sans parler de cette bourgeoisie de cette petite ville de Kessin, étriquée et incapable d'adopter cette jeune beauté un peu trop naïve et franche. Bref, elle prend un amant (qu'elle avouera n'avoir même pas aimé), le pâle Commandant Crampas, puis fait une croix dessus, suivant son mari nommé dans un ministère à Berlin... Six ans passent, le mari tombe par hasard sur d'anciennes lettres de Crampas, descend celui-ci en duel et renie sa femme ! Glurp. Abandonnée par sa fille, puis, dans un premier temps, par ses propres parents (oui tu comprends, cela nous fait de la peine, mais la société est ce qu'elle est, et nous aussi nous devons montrer que nous condamnons ton acte et blablabla...), elle se laissera mourir dans sa chambre de jeune fille. Après avoir critiqué, en solitaire, rageusement et vertement la soi-disant "vertu" de son mari (enfin un éclat de sang et de colère qui soulage!), elle finira elle-même sur son lit de mort par lui pardonner ses décisions passées... Argh.

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Mariée trop tôt, mais surtout victime d'une société tout en façade, en superficialité, notre pauvre Effi avait peu de chance de s'épanouir. Le pire c'est qu'elle répète l'erreur de sa mère (qui avait un faible dans sa jeunesse pour celui qui deviendra le mari de sa fille) qui avait choisi de se marier à un homme à la carrière plus avancée (et à l'âge aussi, forcément). Fassbinder s'en donne à coeur joie dans l'utilisation des miroirs, pour souligner ces erreurs de génération en génération (superbe séquence entre la fille au piano et la mère), ce monde en trompe l'oeil, toute en apparence, en surface, dénué de sentiments, ou, lorsqu'ils existent, incapables d'être avoués (la séquence lorsque Effi rencontre le gentil binoclard tout coincé au début de son mariage). Même lorsque le mari d'Effi constatera après la séparation qu'il a perdu le goût de vivre, il se montrera incapable de faire machine arrière. Un monde complètement figé qu'illustrent parfaitement les premières scènes totalement immobiles où les personnages restent de marbre sur la voix off; on retrouvera dans Berlin Alexanderplatz beaucoup de procédés adoptés ici par Fassbinder, dans son adaptation du roman de Fontane (phrases écrites sur fond blanc, voix off introductrice ou faisant écho aux images, utilisation de miroirs, long travelling suivant deux personnages qui discutent au loin...) A l'image de ces fondus au blanc immaculé au début du film qui tournent au noir, la pure Effi va finir par se retrouver seule avec ses angoisses. Cette jeune fille qui se balançait au gré de sa balançoire dans sa jeunesse, férue de nature, se retrouve complètement étouffée dans ce milieu sclérosé, subissant constamment de la part de son mari qu'elle surnomme "le maître d'école" les longues diatribes morales. Le magnifique noir et blanc convient quant à lui parfaitement à ce monde exsangue, sans chaleur. Du très très grand Fassbinder avec une Hanna Schygulla en état de grâce.

Fassbinder ist in there

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