Le Château ambulant (Hauru no ugoku shiro) d'Hayao Miyazaki - 2004
Malgré mon dédain habituel pour les dessins animés, j'ai bien voulu faire une exception pour ce film de Miyazaki, dont on n'arrête pas de nous rebattre les oreilles depuis sa sortie, comme étant un des grands chefs-d'oeuvre des films d'animation nippons et blablabla. Eh bien, ma foi, pas grand-chose à dire de ce Château ambulant, à part peut-être qu'il est effectivement d'une fort bonne facture au niveau visuel, et que ça a dû être galère de dessiner tout ça ma pov'dame. Miyazaki n'est a priori pas daltonien, et sature son écran de couleurs et de motifs, c'est joli comme tout, et ça fait son effet. C'est d'ailleurs curieusement dans les scènes grises (pluie, guerre, écrans sombres) que l'esthétique prend toute son ampleur, par contraste sûrement. Le montage entre ces scènes et celles inondées de clarté fonctionne bien, et donne à tout ça un aspect certes un peu trop bariolé, mais joyeux et naïf. On remarque avec enthousiasme les références du gars, loin de celles qu'on attend, aussi bien visuellement (du Bruegel me semble-t-il dans les scènes de guerre, et du Tardi aussi, du Vermeer dans les scènes de ville, et un côté surréaliste dans ce château déglingué et rouillé qui se balade dans la campagne) que musicalement (on est parfois proche de Prokofiev, noble modèle étouffé par un générique de fin disneyen immonde). Mais malgré ces références, Miyazaki sait inventer un monde à lui, très original, qu'il a d'ailleurs tort de cacher sous un universalisme gênant dans ses motifs (les personnages sont visiblement de type européens, ses boutiques portent des enseignes américaines). On aurait préféré voir un film japonais, d'autant que la trame est ancrée profondément dans la culture nippone (sorciers, éléments qui s'affrontent, hantise du nucléaire, fantômes, etc.)
Côté scénario, c'est franchement moins convaincant, une histoire niaiseuse de sortilèges ballots conjurés par un baiser d'amour, de chiens gentils, de mamies rigolotes et de petits garçons aux grands yeux, qui donne des renvois de sucrerie. Bon, tant pis, je reconnais que je ne suis sûrement pas le public visé. Quoiqu'on en dise, ce film s'adresse aux enfants, et c'est une de ses qualités que de rester dans le domaine de l'enfance sans chercher à séduire les adultes. D'ailleurs pas compris grand-chose à cette histoire, finalement, mais ça, cherchez pas, c'est mon horreur de l'heroïc-fantasy (arrière, Tolkien, Lovecraft et petits gnomes !), je fais un blocage. Pour finir, je vous supplie d'apprendre à lire à vos enfants pour pouvoir regarder Le Château ambulant en japonais sous-titré, car la voix du feu est impayable.