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1 mai 2007

Je ne regrette pas ma jeunesse (Waga seishun ni kuinashi) (1946) d'Akira Kurosawa

Kurosawa part d'un triangle amoureux (Yukie, Setsuko Hara, la plus grande actrice japonaise du monde, Noge et Itokawa deux étudiants totalement opposés dans leurs styles et leurs choix de vivre) pour dresser le portrait d'un combat pour la liberté: des années 30 à l'après-guerre, des manifestations étudiantes contre le pouvoir au retour à "la normale", Kurosawa livre un film parfois assez classique -dans sa première partie- mais avec quelques belles envolées et un montage au taquet notamment sur la fin. (Certes la qualité de la copie et les sous-titres dans un anglais très limite laissent à désirer mais bon, c'est tout ce qu'on a sous la main...)

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Dès les premières images, avec un simple plan, on comprend tout ce qui oppose Noge et Itokawa: Yukie traverse une rivière en sautant de pierre en pierre (un manque d'équilibre qui peut traduire son hésitation entre les deux jeunes hommes) et lorsqu'elle est en difficulté, Noge n'hésite pas à venir immédiatement à son secours pour la prendre dans ses bras alors qu'Ito reste planté comme un piquet. On a droit ensuite à une très jolie course dans les bois, A.K. filmant tour à tour ses trois personnages en plans serrés, images qui finissent presque par se confondre: mais ce temps de l'unité aura tôt fait d'exploser lorsque chacun décidera de prendre position face à l'évolution de cette société vers la dictature; les manifestations étudiantes pour plus de liberté sont sévèrement réprimées (grand sens du montage et du mouvement, dans un style sur le vif) et Noge, grand activiste, passera quatre ans en prison alors qu'Ito rejoindra calmement les bancs de l'université pour finir ses études. Notre pauvre Yukie est un peu perdue face à ces événements et décide de partir à Tokyo à la recherche de son indépendance. Elle finit par recroiser la route de Ito qui s'est marié et travaille pour le gouvernement, rentrant définitvement dans les rangs puis de Noge qui continue ses divers engagements politiques (il semble militer alors pour la paix mais cela reste assez flou). Noge et Yukie vivent ensemble, un court temps d'accalmie, avant que Noge soit de nouveau arrêté (il est accusé d'être un espion à la botte de l'étranger) et conduit en prison où il trouvera la mort.

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Yukie décide alors de rejoindre les parents de Noge à la campagne où malgré les brimades (superbes travellings sur Yukie portant ses fagots alors que tout le monde autour s'écarte de son chemin - sans parler des gamins qui crient "espions, espions..."), elle travaille d'arrache-pied, gardant en tête toute la volonté du combat de Noge - même si l'image est parfois d'un noir absolu (sale copie disais-je) quelques jolis plans émergent lorsque trimant dans les champs, A.K. filme la campagne alentour d'où s'echappent des rires moqueurs. Mais Yukie résiste et viendra un temps où le combat de Noge sera finalement reconnu. Malgré cette réhabilitation, Yukie décide de reprendre le chemin de la campagne, lieu où elle a trouvé la force d'accéder véritablement à son indépendance, dans la douleur.

Sans être le film le plus virtuose d' A.K., loin de là, il y a sa volonté de prendre position dès l'après-guerre pour ces personnages qui se sont placés délibérément en marge du pouvoir et surtout une grande direction d'acteurs: Setsuko Hara attire la caméra comme un aimant, ses pâles sourires, ses doutes, ses hésitations, son désarroi sont toujours maginifiquement captés, en attendant de la retrouver toujours aussi sublime dans les films d'Ozu.

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