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9 août 2006

A Tombeau ouvert (Bringing out the Dead) de Martin Scorsese - 1999

bringafficheSur le papier, un Scorsese sur la rédemption écrit par Shrader, ça promet. Et il est vrai que ça fonctionne très bien pendant une petite moitié du film. On assiste à la trame classique de Scorsese, un mélange entre mysticisme contemporain et morale chrétienne. L'histoire d'un ambulancier qui se sent obligé de porter le poids des malheurs du monde sur ses épaules, c'est bien vu, c'est même un sujet très fort. Cage s'en sort plus que bien, il est d'une tristesse infinie, il est défait, un vrai zombie. Face à lui, la ville est filmée de main de maître, comme peuplée de fantômes, où le sang, le sexe, la violence, la drogue ont pris possession de tout. On reconnait bien là la patte moraliste et catho du réalisateur et du scénariste de Taxi Driver. Les visions hallucinogènes du héros sont parfaitement rendues par cette lumière spectrale, très sombre, urbaine et sale en même temps que lisse, par ces ralentis sur des corps perdus, et surtout par cette façon impeccable de filmer les rues vues des fenêtres d'une ambulance, en travellings glaçants. La musique, omniprésente et violente, est comme toujours superbement utilisée. Les scènes d'hopital, cour des miracles hallucinante, sont elles aussi très efficaces. Certes, on assiste à une vision très exagérée de la corruption urbaine, mais après tout, c'est la vision du personnage, sans plus, la même que celle de De Niro jadis. Sur cette première heure, donc, respect et admiration.

Ensuite, on se dit que Bringing out the Dead aurait dû rester un court-métrage. Scorsese semble avoir12546 fait le tour de son sujet au bout d'une heure, et les 50 minutes restantes sont comme abandonnées, comme des rajouts mal inspirés. Le rythme change, devient saccadé, répétitif. Le filmage devient outré, comme si, ennuyé, Martin essayait les boutons insoupçonnés de sa caméra. Or, quand il tente de faire son Terry Gilliam, ça ne fonctionne pas du tout. On ne croit plus à l'addiction progressive de son personnage, ni à cette quête de pardon (il culpabilise de n'avoir pu sauver une jeune fille), ni surtout à cette ridicule histoire de voix de l'au-delà. Le débat de l'euthanasie arrive par là-dessus sans y avoir aucune place. Vraiment c'est du gâchis. Avoir en main une telle idée et l'abandonner ainsi... allons, Marty, allons...

Bon, pour dresser un bilan, disons que ce film est tout de même le dernier regardable de Scorsese (je ne compte pas le film sur Dylan, ça va, c'est des images d'archives), et qu'à ce titre il mérite quand même un coup d'oeil.

Commentaires
G
Tout à fait d'accord. S'il mérite effectivement le coup d'oeil, ne serait-ce que pour une mise en perspective intéressante avec LA DERNIERE TENTATION DU CHRIST et TAXI DRIVER (tous deux signés par Paul Schrader, dont on sent l'intérêt pour les figures christiques), A TOMBEAU OUVERT lasse bien vite par ses incessants tics de mise en scène et ses répétitions... Un Scorsese bien mineur.
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