Courts-Métrages 1958 d'Alfred Hitchcock
1958 fut une grande année pour les longs-métrages de Bouddha, puisque Vertigo en est issu. Par contre, pour les courts-métrages, c'est assez moyen...
Lamb to the Slaughter a très peu d'intérêt. Le film ne repose que sur une seule idée, assez mince par ailleurs : Barbara Bel Geddes (Quoi, la fille de Dallas ? Non, celle de Vertigo) assassine son mari avec une épaule d'agneau congelée, ben oui. Le principe est que les flics n'arrivent pas à trouver l'arme du crime, puisqu'ils sont en train de la manger. Bon, sympa, mais fait-ce vraiment un film ? A part cette minuscule idée, rien à signaler, c'est filmé au minimum syndical, sans surprise, nulle trace du maître ici, arrêtez-moi si je me trompe.
Dip in the Pool est un peu mieux, il a au moins le mérite d'être rigolo et très bien joué. Ca se passe sur un bateau qui fait une croisière. Il y a là-dedans deux personnages qui méritent le détour : un homme fanfaron, qui fait un pari casse-gueule sur la distance parcourue par le bateau en 24 heures. Comme il sous-estime la distance, il est obligé de tout faire pour ralentir la course du raffiot. Il ira jusqu'à se noyer pour y parvenir. Le personnage est fort bien tenu par le jeu très moderne de Keenan Wynn (qui, si je ne m'abuse, joue dans Dr Strangelove). L'autre personnage est une femme à moitié dingue, petit rôle mais très jolie présence. Sinon, rien de plus, juste astucieux.
Heureusement, Poison vient sauver le reste. Là, on est dans le sadisme hitchcockien à 100%. Un alcoolo a un aspic hyper-venimeux lové sur son ventre, dans son lit... Comment faire pour l'empêcher d'être mordu ? Hitch prend tout son temps, mais vraiment tout son temps, pour trouver des solutions. Bon, moi vous me mettez un serpent à l'écran, j'ai peur. Mais n'empêche que le suspense vient surtout de ce flegme des autres personnages face à la panique immobile du héros. Le docteur tente même d'endormir la bête avec du chlorophorme ; il annonce alors : "Il faut attendre un quart d'heure pour que le produit fasse effet" et voilà Hitch qui laisse tourner sa caméra en attendant, tranquillement, sans se presser. On a alors droit à une bonne minute de "rien", et c'est hilarant. C'est sublime de tension, d'humour vache et de perversité. Un grand moment.
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