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Shangols
REALISATEURS
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10 février 2023

La Tour de Guillaume Nicloux - 2023

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On n'attendait que ça : que Guillaume Nicloux, après quelques flashs d'horreur dans ses films "classiques" (une apparition terrifiante dans Valley of Love, une fin très angoissante dans The End, Houellebecq à poil dans Thalasso), se lance enfin dans un film d'horreur pure, et on était convaincu à l'avance du résultat. La chute est d'autant plus rude. Qu'est-ce qui a bien pu se passer dans la tête de ce réalisateur talentueux pour nous pondre un machin aussi bête et mal foutu que La Tour ? On veut bien croire que le confinement a été vecteur d'angoisses, et qu'il a pu être le déclencheur de visions apocalyptiques. Mais de là à nous écrire un scénario aussi puéril de fin du monde et de guerre des clans, il y a un pas, que même le plus adolescent des fans de science-fiction en carton franchirait avec méfiance. Pris en flagrant délit de paresse (et de catastrophisme), notre Nicloux nous offre donc ce pitch imparable : un mystérieux brouillard noir isole tout à coup un immeuble parisien du reste du monde : y entrer, c'est mourir. Les habitants sont donc confinés à l'intérieur, et plus le temps passe, plus leurs atavismes violents et communautaires se réveillent. Ils s'organisent en clans (les Noirs contre les Blancs, les riches contre les pauvres, les égoïstes contre les naïfs), se livrant à une véritable guerre d'étage à étage, s'adonnant au trafic de chiens et de chats, reproduisant sur quelques mètres carrés ce que notre f**king planète opère à grande échelle dès que le danger rôde : racisme, haine de l'autre, violence, gabegie.

Sans titre

Moui, c'est pas terrible comme histoire, et dès le départ on sent que ça ne va pas être la fête de la vraisemblance. Cette tour se veut donc symbolique du monde, et y habitent aussi bien caillera des técis que bourges à caniches, transformant le lieu en un mix entre le bouge immonde et le loft grand crin. On a du mal à y croire, tant Nicloux force le trait de chaque côté de la barrière : les pauvres sont très pauvres, parlent en verlan ; les riches se terrent en les regardant effrayés, cramponnés à leurs richesses. On passerait sur les mille illogismes (genre : ils ont encore du courant après 10 ans d'isolement ?) si l'histoire nous tenait, si l'atmosphère nous empêchait de nous interroger. Mais l’ensemble de la production est d'une telle indigence que c'est loin d'être le cas. A commencer par les acteurs, au-dessous de tout véritablement. Nicloux a voulu prendre des inconnus, pour augmenter le côté "film social et réaliste" : total, il se retrouve avec des gusses qui ânonnent des dialogues (par ailleurs ridicules) en crânant et en serrant les mâchoires, essayant de nous faire croire qu'ils viennent de La Haine. Au bout de quelques scènes seulement, Nicloux ne sait plus quoi raconter, et se livre donc à des séquences répétitives (le nombre de coups frappés aux portes est proche du nombre de "fuck" dans les Tarantino) et sans intérêt, symboliques d'une situation très discutable (c'est vraiment ça, la France aujourd'hui ? les noirs contre les blancs ? il n'y a pas moyen de nuancer un peu ?) qui manque complètement de tension et de saveur. Les personnages, sans épaisseur, sont interchangeables, on ne sait plus qui est avec qui et qui tue qui, et on s'en fout. On aurait voulu retrouver le cinéaste capable d'images traumatiques, et on se retrouve avec un Jean-François Richet binaire et simpliste. Un navet.

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