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Shangols
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GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
8 février 2023

Don Juan (2022) de Serge Bozon

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J'ai décidément un peu de mal avec l'univers de Bozon... Mais je m'accroche en lui reconnaissant une sorte d'univers à part - qui malheureusement, once again,ne me touche guère... Il y a pourtant ici, au départ, d'assez bonnes idées : un séducteur (Rahim, tout en émotion rentrée et en regard de chien battu battu) et comédien (dans Dom Juan justement) se fait planter le jour de son mariage par sa future (Efira, multiforme, multifruit, qui me laisse encore une fois multifroid) ; le bougre, s'il se console avec une autre femme, a une certaine tendance à voir dans toutes les femmes son Efira. A croire qu'avant d'être amoureux des femmes, il est amoureux d'une et d'une seule... Seulement voilà, cette femme, l'Efira-Elvire, n'est pas du genre à succomber aveuglément à son charme... Elle a capté, chez son Don, ce regard flottant qu'il ne cesse de poser sur les autres femmes... Un simple regard de comédien pour se mettre à leur place ou un banal regard de convoitise ? L'Efira redonne une chance à son homme : notre Don Juan (incorrigible ou réellement passionné par sa douce) saura-t-il cette fois se montrer plus convaincant dans son amour ?

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C'est assez futé, en un sens, ce petit renversement des rôles, avec un Don Juan assez fébrile (son regard mouille souvent, il chante comme Philippe Chatel enroué) et une Elvire-Efira en femme forte, décidée et dominatrice (c'est elle qui donne le la au Don, jouant sur scène ou vivant hors-scène)... Le Don, un peu dépassé par la situation, charmé par cette femme et appréciateur de ses talents de comédienne, n'a de cesse de se lancer dans la chansonnette pour essayer de montrer la sincérité de son amour ; de petites chansons douces, un peu à la Honoré, au charme amer mais aux paroles un peu trop Delerm (vous savez le type qui fait une chanson quand il sort son chien, prend du lait dans le frigo, ou va acheter un timbre). Il y a là dedans un petit ton décalé (une voix de tête sur une musique modeste et lyrique à la fois) qui pourrait marquer des points si on ne s'en lassait pas au bout de deux chansons. Quant aux scènes de théâtre, si on apprécie cette façon d'introduire le texte de Molière, ce magnifique théâtre ouvert sur l'extérieur, elles laissent un peu sur le quai les amateurs d'émotions sentimentales... C'est d'ailleurs un peu là que le bât blesse en général. Cet amoureux transi de Tahar, cette Virginie virevoltante, s'ils jouent chacun de leur côté avec leur petit état d'âme sentimental (lui tout en cernes jaunes, elle toute en sourire éclatant), ils peinent à vraiment nous faire ressentir, à un quelconque moment dans le film, la chaleur de leur sentiment, de leur dévouement, de leur amour... un peu triste lorsqu'il s'agit ici du thème central. On sent Bozon, comme souvent, concentré sur son univers qui mêle moments intimes et moments de jeu, mais on peine à vraiment rentrer dans ce dispositif très intellectuel et un peu froid. Bref, une fois de plus, intrigué par les idées originales du cinéaste mais pas totalement convaincu par cette réalisation un peu trop statique et sans sang.   (Shang - 21/09/22)

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Bozon nous divise, et j'ai été plutôt charmé par ce minuscule film très branquignole. Pas de quoi se relever la nuit, mais il y a là-dedans un aspect décalé, dérangeant, pas dans les clous, qui fonctionne toujours très bien. Bozon est un iconoclaste, ça va sans dire, mais c'en est un sans forfanterie, sans pose, et on lui en sait gré, même si toutes ses idées ne se valent pas, même si ses films sont pleins de défauts. Ce qui plaît d'abord dans Don Juan, c'est la lecture du mythe, très pertinente. Don Juan est un homme paumé, perdu, abandonné, déçu, et sa quête, sa consommation effrénée de femmes, n'est qu'un aveu d'impuissance. Il est à la recherche de La Femme, et ne la trouve jamais puisqu'elle n'existe bien sûr pas. C'est donc Efira qui se charge du rôle, et elle apparaît sous différentes formes ; elle représente la féminité recherchée par Don Juan. Celui-ci n'est donc plus le prédateur qu'on nous présente habituellement, mais un mâle en mal d'idéal. Belle idée, filée tout le long de ce film romantique (la vision de Bozon est presque plus allemande que française ou espagnole, et je veux pas me la péter mais ça sent plus la version de Lenau que celle de Molière). Bozon choisit en plus deux options assez radicales : celle de contemporanéiser le mythe, en le faisant incarner par Rahim, figure très marquée du cinéma actuelle ; et celle de la comédie musicale, moins convaincante. On a déjà vu mille fois ce choix de faire chanter les comédiens eux-mêmes, avec ce que ça comporte de canards et de fragilité. Ici, malgré quelques belles chansons (et la présence maladroite mais touchante d'Alain Chamfort), les bougres ont du mal à tenir le coup. Pas de présence dans les parties chantées, une sorte de tristesse lourde qui marque toutes les chansons, on n'y est pas. Bon, mais sinon les décors sont beaux et inspirés, c'est bien écrit et toujours intrigant, le ton est singulier : il y a vraiment du chien dans ce cinéma-là, en marge, souvent ridicule mais parfois vraiment poignant.   (Gols - 08/02/23)

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