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Shangols
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1 juillet 2022

Zaï Zaï Zaï Zaï de François Desagnat - 2022

zai-zai-zai-zai

Ah on aura tout fait sur Shangols, même vu un film de François Desagnat, qui doit représenter en gros tout ce qu'on vomit depuis toujours avec mon gars Shang. Bon, là, l'excuse pour voir ce film, c'est notre amour pour la BD d'où il est tiré, la présence de quelques connaissances au casting, et la sympathie due au grand Fabcaro (qui fait une apparition à l'écran, ce qui a dû lui coûter des sueurs froides et des angoisses pendant des mois). Bon, voilà, désolé, qu'est-ce que je peux dire de plus ? On retrouve donc notre célèbre petit mec sans envergure (transformé ici, d'auteur de BD, à acteur de films comiques) ayant le malheur, un beau matin, d'aller faire ses courses sans sa carte de fidélité du magasin, et se retrouvant de ce fait en cavale jusqu'au fin fond de la Lozère, harcelé par les flics, les médias, ses ex, l'opinion publique et une timidité maladive. Situation absurde dans un monde qui ne l'est pas moins : on connaît ce qui a fait le génie pur de la BD, ce mélange de regard caustique sur les petits travers de notre société et de candeur, d'idées délirantes et de situations improbables, sur fond d'images fixes et de personnages déréalisés. Le challenge pour le passage à l'écran était donc ambitieux : comment adapter ces courtes vignettes (un gag par pages), cette pléthore de situations (une centaine de pages et autant de décors, de personnages différents), cette répétition des images, cette absence de trame, ces traits presque effacés, cette absence de psychologie ?

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A cela Desagnat répond franchement : "ah ? euh on s'en fout". Il n'y a absolument aucun effort de réflexion de sa part, il semble trouver que parce que c'est drôle sur le papier, ça le sera à l'écran, point. Il recopie donc sagement les répliques de Fabcaro, place vaguement une caméra devant des acteurs payés pour les dire, et emballez c'est pesé. La puissance de certains gags est telle que c'est vrai que, de temps en temps, ça passe. Mais 9 fois sur 10, ça tombe à plat. Quand Desagnat n'est pas totalement à côté de la plaque, ne comprenant carrément pas le bouquin (comment ne pas voir que le gag du flic avec son chien empaillé ne fonctionne que grâce à la fixité de l'image de la BD ?), il réalise une suite de très courts sketches qui n'arrivent pas à faire un film : ce qui fonctionne dans l'espace d'une feuille de livre, du rythme propre à la BD, se heurte ici à la nécessité de la trame, de la progression, de la construction. Pourtant tout ça est bien appliqué, le gars est un très bon copiste, et reproduit fidèlement les planches de l'auteur ; mais rien n'y fait ça ne décolle jamais, comme si le film restait à son seuil.

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Il faut dire que Desagnat n'est pas aidé par ses acteurs, tous moins investis les uns que les autres : très mauvaise idée que d'avoir choisi une star pour incarner ce personnage sans trait, sans caractère, spectateur de sa propre vie, qui n'a pratiquement aucun rôle dans le livre ; Jean-Paul Rouve se rend vite compte du naufrage et traverse le film sans conviction, récitant ses monologues, on le sent très peu amusé par l'exercice. Ne parlons pas des personnages ajoutés, campés par des Julie Depardieu, Ramzy Bedia ou Yolande Moreau pas dirigés du tout, et eux aussi en-dehors du film. De toute façon, les gags ajoutés par Desagnat pour parvenir aux 80mn sont consternants, jamais dans l'esprit fabcarien. Zaï Zaï Zaï Zaï aura au moins servi à ça : comprendre que ce n'est pas parce qu'on recopie bêtement et directement un bon livre qu'on réalise un bon film. Ici, à part quelques plans un peu plus inspirés, et quelques gags qui résistent au jeu poussif des acteurs, c'est morne plaine : on s'ennuie à mort, un comble.

Commentaires
S
Je vous comprends, c'était tentant, la BD est excellente, et je me suis moi-même fait avoir avec l'adaptation bien pourrite du "Wilson" de Daniel Clowes ("Ghost World", lui, avait été pourtant assez joliment traité par Zwigoff). Je ne sais pas ce que vaut la version Audiard du Adrian Tomine.
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