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Shangols
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GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
2 juillet 2022

SERIE : Severance de Dan Erickson - 2022

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Humour, suspense, bons acteurs, univers cohérent : cette série modeste et discrète a tout pour plaire, même si son récit n'est pas complètement nickel, même si ses intentions sont un peu trop claires, même si les baisse de rythme y sont nombreuses. L'idée de base est excellente : dans un monde légèrement futuriste, les employés de l'entreprise Lumon, spécialisée dans... on ne sait trop quoi, sont "dissociés", c'est-à-dire qu'on leur implante une puce dans le crâne qui leur font oublier totalement ce qu'ils sont à l'extérieur de l'entreprise, sorte d'ouvriers modèles entièrement consacrés à leur travail. Le soir, ils sont reconnectés au réel, et oublient à nouveau tout ce qu'ils ont fait dans leur journée de travail. Deux personnes en une, quoi, la privée et la publique, chacune ignorant ce que fait l'autre. Voilà qui arrange bien Mark (l'étrange et troublant Adam Scott), désireux d'oublier un deuil récent : ce système lui permet de s'évader la plupart du temps dans un monde dépersonnalisé et dépourvu de souvenirs. Il bosse pour Lumen avec ses zélés collègues (Zach Cherry et John Turturro) ; mais l'étrange licenciement d'un employé, et l'arrivée d'une nouvelle venue plutôt rebelle au système, alliée à un faisceau de doutes quant à la viabilité de son travail et l'honnêteté de sa supérieure (la vieillissante et très inégale Patricia Arquette), poussent Mark à se poser de vraies questions sur son statut. Et si Lumon était en fait une secte, un monde inutile et dangereux destiné à asservir ses employés "dissociés" ?

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Un pur scénario de science-fiction, donc, que Erickson s'emploie à rendre pourtant crédible et "ordinaire". Et il y parvient merveilleusement. Aux couleurs chaudes et réconfortantes du monde réel, il oppose un monde de l'entreprise, froid, géométrique et blanc. Dans ce labyrinthe de couloirs à la Shining, il dispose des salles toutes plus inutiles les unes que les autres (on y élève des brebis, on y installe des toiles kitch, on y célèbre le fondateur de Lumon, un gourou auteur d'une Bible assez effrayantes) quand elles ne sont pas dangereuses (la salle de punition ou d'expiation, les bureaux de la direction). Parmi elles, le bureau de nos quatre héros, qui va devenir le foyer de la rébellion. C'est fascinant d'observer justement cette révolution qui démarre dans le système ouaté et hyper-verrouillé de l'entreprise, la difficulté étant de communiquer avec son vrai moi à l'extérieur. C'est lentement, par petites touches, que les auteurs nous montrent ces employés sans histoire et sans questionnements organiser une véritable révolte secrète, et se découvrir eux-mêmes. Le personnage de Turturro, notamment, est très touchant dans sa découverte de l'homosexualité (son couple complètement improbable avec Christopher Walken) et son "réveil social" du même coup. Mais c'est Mark qui occupe la place principale de ce foyer de rébellion, c'est de lui que partira toute la trame, pleine de surprises.

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Malgré quelques épisodes un peu inutiles, qui n'apportent pas grand-chose à la trame, et qui alourdissent inutilement le rythme ; malgré un manque d'habileté dans "l'horreur", notamment dans le côté effrayant et glacé du contexte (on ne croit guère à ces gardiens sirupeux par exemple) ; malgré une tendance à la surenchère grand-guignol dans les derniers épisodes ; la série est drôle, très plaisante, et monte en ambition au fur et à mesure. Elle met un peu de temps à se faire aimer, certes, et les premiers épisodes sont très inégaux, cherchant leur ton, leur rythme. Mais une fois ce mélange de causticité et d’inquiétude trouvé, une fois les personnages mieux définis, la série devient addictive comme il se doit, on a envie de connaître la suite et on s'attache à ces petits employés sans envergure et à leur manigance pour faire éclater la vérité. Le dernier épisode, notamment, est parfaitement réglé pour vous faire bondir sur votre siège ("COMMENNNNT ? C'EST PAS POSSIBLE !) et vous faire attendre la saison 2 avec impatience. Un joli univers original et une bonne réalisation (plusieurs épisodes sont réalisés par Ben Stiller), une solide distribution et un ton finalement subtil et savoureux : jolie petite chose.

Commentaires
K
"drôle" ??? on a pas dû voir la même série....C'est terrifiant, et le final WOWWWWW ! <br /> <br /> Pr moi une des meilleures séries depuis une dizaine d'années. Je vous conseille aussi Shining Girls sur apple tv.
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