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21 avril 2022

La Reine de la magie noire (Ratu Ilmu Hitam) de Liliek Sudjio - 1979

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Et le cinéma d'horreur indonésien, on en parle ? Ce serait pourtant dommage de faire l’impasse, car si on en croit ce délicieux Reine de la magie noire, il y a de la matière, et je viens de passer un moment entre kitsch et gore qui marque des points indéniablement. Tout à fait dans l’esprit des années 70-80, mais en même temps ancré des deux pieds dans son territoire de magie et de rituels, le film raconte une sorte de malédiction dont l'héroïne n'arrive pas à se défaire, alors même qu'elle l'a provoquée. Comme une vague de folie et de faits inexpliqués tourmente un petit village, la foule, se cherchant un bouc émissaire, choisit la jeune Murni comme responsable de la gabegie, soupçonnée de pratiquer la magie noire contre la ville : elle est aussitôt torturée et jetée du haut de la falaise malgré ses cris de dinde. Mais elle survit, recueillie par un vieux sorcier. Celui-ci la convainc d'organiser sa vengeance, en apprenant réellement la magie noire. L'objectif : décimer toute la population, à commencer par l'ancien amant de Murni, un patibulaire personnage qui l'a trahie et a mené l'expédition punitive. Mais la jeune Murni se laisse quelque peu dépasser par sa folie meurtrière, et quand elle rencontre un fan d'Allah qui lui enseigne les vertus du pardon, elle se retrouve partagée entre soif de tuer et désir de se calmer. Allah triomphera-t-il des forces du mal ? Il va falloir prier sévère, et en attendant les corps explosent, les visages se fissurent, les têtes s'arrachent, les rictus se tordent et les râles se font entendre.

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Le film cultive un premier degré tout à fait agréable. Les différents tourments que Murni fait endurer à ces couillons de villageois vont parfois assez loin dans le raffinement, entre le visage qui se remplit de pustules (un habile effet spécial à base de ballons de baudruche scotchés sur l'acteur) et le gars qui s'arrache sa propre tête avant que celle-ci soit gagnée par une frénésie de mordre impressionnante, le catalogue est riche. Fasciné par le gore pur, et lui rendant pleinement allégeance dans des scènes spectaculaires toujours inventives, Stamboel n'en est pas moins un indonésien pur jus, et sait aussi réfléchir à l'aspect religieux de son scénario : le combat entre Murni, hantée par le diable et sa soif de vengeance inextinguible, et ce jeune voyageur, touché lui par la foi et la piété, se fait avant tout dans la zénitude de l'amour naissant, au bord d'une rivière où la belle se baigne nue. En gros, on représente le monde duquel s'extraie Murni comme un éden sur terre , et on regrette avec elle d'avoir cédé à cette haine. Voici donc un film pédagogique, qui nous apprend les vertus du pardon. Mais en attendant, on rigole bien devant les outrances du film, qui y va franco pour nous donner de la pyrotechnie et de la cascade, et on jubile de voir ces crétins tomber un par un sous les astuces meurtrières de Murni. Dans les couleurs, les décors, les costumes ou certains détails de jeu, c'est sûr qu'on est plus dans Jackie Chan que dans Bresson, mais cet aspect kitsch nous donne notre dose d'exotisme facile, et c'est pas plus mal. Une curiosité, aucun doute, et qui passe la barre.

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Commentaires
B
Mouais. Vous vous emballez drôlement devant ce nanar komodien qui vaut tout juste pour une poignée de scènes craspec noyées dans des des torrents (volcans ?) de mollesse et d’inertie. Un peu comme si le commissaire Moulin avait in extremis découvert les vertus de l’effet-vessie – si, si, je n’invente rien: https://en.m.wikipedia.org/wiki/Air_bladder_effect
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