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9 avril 2022

Le Météore de la Nuit (It Came from Outer Space) de Jack Arnold - 1953

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Pour attirer la pom-pom girl de vos rêves au drive-in, rien de mieux que It Came from Outer Space, petit film d'épouvante paranoïaque vintage tout à fait charmant : la belle devrait sans tarder se réfugier contre votre mâle torse en constatant le danger affreux que représente cette invasion extra-terrestre dans une petite ville d'Arizona. Ça commence par une météore qui s'écrase dans le désert, sous les yeux excités d'un astronome amateur (Richard Carlson) et de sa belle fiancée (Barbara Rush, excellente présence). Dans le cratère, le bougre découvre un vaisseau spatial, pense apercevoir une vague forme humanoïde, mais une avalanche vient tout recouvrir ; et après amuse-toi pour convaincre les autorités que les aliens ont débarqué et que la Terre vit peut-être ses dernières heures. Notre John ira de déconvenues en fin de non-recevoir, et devra lutter seul contre le Grand Remplacement orchestré par les extra-terrestres ; car ceux-ci parviennent à prendre la forme des voisins et amis du héros, pas facile de démêler l'envahi de l'envahisseur (quoi que le jeu atone et le regard vague des premiers soit un indice assez clair). Notre héros parviendra-t-il à renvoyer les aliens dans leur contrée ? quelles sont leurs véritables intentions ? et supportera-t'il la vision terrorisante de ces extra-terrestres, qui tiennent à la fois de la bouée-pieuvre et du Minion ? On est tendus comme des arbalètes du début du film jusqu'à la dernière phrase ("They'll be back").

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C'est le charme éternel de ces petites productions de studio de ces années-là. Avec une confiance absolue dans le genre, Arnold vous fabrique la machine à angoisse parfaite (pour l'époque), faisant reposer le danger moins sur une possible invasion d'extra-terrestres (ceux-ci sont plutôt bienveillants) que sur une théorie terrifiante : que nos paisibles contemporains soient en fait remplacés sans qu'on s'en rende compte par une entité étrangère, qui menacerait ainsi notre quiétude américaine bien confortable. Deux employés d'EDF, un shériff, puis la fiancée elle-même, et même jusqu'au héros au bout du compte, sont ainsi rendus froids et privés d'affect par leur phagocytage, et ça, ça craint. Carlson affiche une gueule d'enterrement sous la pression, lui seul connaît la vérité et va devoir se débrouiller seul pour rentrer en contact avec les poulpes et trouver moyen de s'en débarrasser, tout ça sous l'apparence paisible de la petite ville américaine moyenne. C'est d'autant plus effrayant, et on se trouve finalement plus préoccupé par cette angoisse existentielle (comment faire quand on est seul à connaître un danger face à la communauté ?) que par ces monstres. Il est vrai que les effets spéciaux, très vintage, assez fauchés (malgré le tournage prévu pour la 3D), n'aident pas à rendre les aliens effrayants. Mais on note que Arnold les compense par une belle mise en scène schizophrène, par un art consommé de la suggestion et par un amour du genre qui fait plaisir à voir. Quelques plans sont vraiment bien trouvés, comme ceux subjectifs qui passent à travers l’œil de l'alien, ou ces beaux travellings en hélicoptère qui suivent les voitures dans le désert. C'est franchement réussi et inventif, et Jack Arnold de démontrer une nouvelle fois qu'avec peu, il parvient à rester un maître de l'épouvante.

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