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15 mars 2022

Le Plaisir en Famille (Waga ya wa tanoshi) (1951) de Noboru Nakamura

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Ah le plaisir de la famille, ah la joie d'avoir des frères et sœurs, d'avoir une mère aimante et un père si gentil... Non, je n'en fais pas trop, j'ai même fait semblant d'y croire pendant toute la première partie du film tant l'on a affaire à une famille nipponne qui donne franchement la banane... Quand tu rentres complètement bourrache chez toi, que tu as paumé en route la moitié de tes affaires et que, sur le seuil de la maison, ta femme, tes trois filles et ton gamin te font un sourire de bienvenue, c'est qu'on est parvenu dans un équilibre total, n'est-il pas ? Oui, dans cette famille, sans trop le sou, dans l'adversité, il est de bon ton de rester optimiste. Il y a donc le père (Chishû Ryû, une légende) qui a toujours le don d'oublier une course mais auquel on pardonne tout (c'est lui qui ramène la maille, hein), la mère (Isuzu Yamada, une légende, avec son visage si plat et bienveillant), la fille aînée (Hideko Takamine, une légende, ma favorite après Setsuko Hara, bien sûr), peintre débutante et amoureuse d'un jeune gars placé en cure, la cadette, sympathique choriste, et les deux petits derniers avec leur traditionnelle coupe au bol - mais qui restent malgré tout beaucoup plus avenant que Muriel (pour les spécialistes du ptit Gregory...). Bref, tout va bien, on se serre les coudes, on s'encourage, on se fait une joie d'un suchi fourré, on se marre même quand le père titube - allez, un ptit saké pour la route. C'est presque trop. Quand on apprend que le pater, après 25 ans de service va recevoir un diplôme et une prime de son entreprise, on est prêt à se mettre à léviter devant tant de bonheur... Mais l'argent ne fait pas tout, on le sait ; au contraire même, c'est là que le moteur va commencer à gripper et que les misères vont commencer de s'abattre, de toute part, sur nos nippons résilients...

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Oui, on flirtait presque avec un petit côté too much (le bonheur des autres, ça fait vite chier) jusqu'à ce que plusieurs coups de sort viennent mettre à mal cette famille trop soudée... Nakamura, gloire à lui, heureusement, est toujours assez subtil pour éviter de tomber dans le patho à moindre coût. On serre des fesses devant cette tête du père fermée (il est touché mais ne rompt point... ou si peu), on ravale ses larmes devant cette mort qu'on voyait presque venir, on ne baisse jamais la tête devant les petits échecs de notre chère Hideko... Parce qu'on sait que toute graine, même enterrée un peu trop profondément, finit un jour par germer, et qu'il ne faut jamais désespérer d'un nouveau départ. C'est une petite leçon de dos rond et d'abnégation que nous donne sans moraliser à outrance, sans mélancoliser à l'excès, ce cher Noboru qui mène sa barque - et son film - par petite touche... Les sourires s'effacent mais que pour un temps... La mère, sainte-vierge des causes perdues (son mari... qu'elle aime), cherche toujours à repartir de l'avant et à insuffler un peu d'optimisme à chacun. On n'est sans doute pas dans la puissance émotionnelle d'un Ozu ou d'un Naruse, mais les froncements de sourcils de Ryû, le regard lumineux de Yamada ou le sourire divin de Takamine suffisent pour donner du relief à la chose et nous faire passer un joli petit moment de vie (en famille, diable...) où la bonté et le karma ne sont jamais vains. On va continuer de suivre cette nouvelle pousse japonaise...

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