Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Shangols
REALISATEURS
GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
17 décembre 2021

LIVRE : Ne t'arrête pas de courir de Mathieu Palain - 2021

Capture-d%u2019écran-2021-07-07-à-17Je ne saurais dire si le sport est mauvais pour la santé (devoir de réserve) mais il est clair que le cambriolage est mauvais pour la liberté. Palain dans cette oeuvre relativement médiatisée s'intéresse donc au cas Coulibaly (Toumany), champion de France du 400 mètres et champion du monde des vols en pharmacies et autres boutiques telles SFR. Toutes les blagues sur le sujet sont vite éculées (le jour, il vole sur la piste, le soir...", "Coulibaly ? Toumany robberies..."), et le romanesque d'une telle histoire presque trop évident. Toute la gageure de Palain est de parvenir à trousser un récit à hauteur d'homme, sans tenter les métaphores acrobatiques à la con, sans tenter de fictionnaliser ou de dramatiser la chose à l'excès... Et il y parvient. En allant voir régulièrement Coulibaly en prison avec lequel il noue de vrais liens, en interrogeant systématiquement son entourage sportif, et parfois personnel, en contactant (ou en se faisant contacter par...) les psys qui sont à son chevet, Palain tente de dresser le portrait d'un homme avec empathie, lucidité et une évidente sincérité. Il ne juge pas, ne cherche pas à le défendre pour autant, il écoute et tente de décrire le plus simplement possible cette histoire si hallucinante, presque aberrante (des hauts et des bas, des sommets victorieux et gaufrages stupides pour le moins extrêmes, parfois sur une même journée...). Palain s'autorise à faire des liens avec sa propre histoire personnelle (pour tenter de justifier en quelque sorte son intérêt, pour ne pas dire sa passion pour le sujet) ce qui sort parfois un peu du cadre, ce qui n'est pas le plus réussi ici mais qui permet une nouvelle fois à l'auteur de jouer carte sur table - il met à nue l'histoire de Coulibaly comme il est prêt à mettre la sienne ; cela pourrait paraître un peu facile, un peu trop malin mais là encore difficile de soupçonner Palain sur ce sujet de biaiser... Alors (ben oui, bien sûr, il fallait bien un tournant, comme dans tout bon 400 mètres, un moment il faut virer...) si le récit respire cette confiance entre les deux hommes, si l'on sent que Palain a sué sang et haut pour ne pas trahir son sujet, on reste beaucoup plus sceptique au niveau de l'écriture, du style, plus journalistique que littéraire, dirons-nous (Capote se retourne... - passons), le récit prenant plus des allures de longue rédaction consciencieusement écrite que celle d'enquête passionnante, virevoltante (on n'est pas au niveau d'un Jaenada, par exemple, pour prendre un exemple sans doute moins écrasant)). On lit cela un peu comme de la petite bière littéraire (un degré d'alcool, deux bulles) sans que cela n'enlève tout intérêt de la chose, heureusement ; cette complicité, qu'il a fallu pour réussir ce portrait, porte ses fruits et on prend un vrai plaisir, une fois le livre posé, à imaginer les deux hommes (Coulibaly est aujourd'hui libre) se challenger sur un piste d'athlé et rebondir (surtout Toumany) encore et encore pour échapper aux tentations obscures de cette chienne de vie... Un récit "convivial", avec du grip, c'est déjà pas si mal. Allez hop, on repart pour 10 km pour mourir plus vite...

Commentaires
Derniers commentaires