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9 novembre 2021

Salut à la France (A Salute to France) de Jean Renoir & Garson Kanin - 1944

A_Salute_to_France_(1944)_1

Et celui-là ? il nous avait échappé, le bougre ! Un plaisir donc de compléter notre odyssée Renoir (j'offre mon testicule gauche à celui qui me dénichera une copie de Marquitta), même si c'est avec ce film de commande. On a demandé en effet au Jeannot de renseigner les Américains prêts au Débarquement sur ce qu'est le fameux Français moyen qu'il va aller libérer. Salut à la France présente donc le Français, mais le fait en tentant de pulvériser les clichés. Au départ, donc, trois copains embringués dans cette guerre contre les salopards nazis : un Américain et un Anglais découvrent Jacques, le Français. Le film de commencer alors un catalogue de possibilités quant à l'identité de Jacques : était-il avant la guerre vendeur de marrons, garçon de café, curé ou grand bourgeois ? Peut-être un peu de tout ça, mais ce qui est sûr, c'est qu'il sait toujours faire face à l'adversité et qu'il s'avère être un résistant courageux et pugnace. Preuve de son courage : il chante Le temps des cerises quelque soit la pénibilité de la vie et de son emploi ; et puis aussi, il sauve des griffes des nazis les soldats en déroute sur son sol. Si le discours sent la propagande de bon aloi à cette époque, si Renoir y va carrément à la louche pour moquer les Allemands (Hitler est même doublé dans un anglais aux accents rauques parfaitement effrayant), on lui sait gré de savoir encore, même à des milliers de kilomètres de chez lui, fabriquer une de ces petites saynètes charmantes et authentiques qui donnent tout leur sel au film. La séquence centrale, celle des réfugiés anglais sauvés par le curé, vous replonge en deux secondes dans les ambiances du Crime de Monsieur Lange ou de Toni, et on sent l'amour de Renoir pour ces petites gens, ces êtres humains de rien du tout qui deviennent grands par leurs actes. Il entremêle ces scènes jouées (et fort bien jouées d'ailleurs, par Claude Dauphin porté par l'indignation de son rôle, et par Burgess Meredith et Philip Bourneuf, deux faire-valoir assez drôles) et des scènes de documentaire, qui montre ici des troupes nazies marchant au pas d'oie, là des villes détruites par les bombardements, ou là des soldats alliés fonçant sans peur au combat. Le tout fait un moment dynamique, qui sort sans problème du tout-venant propagandiste de l'époque par le soin apporté à sa direction d'acteurs, par son écriture même minime, par son montage intelligent (le salut nazi qui se prolonge par le canon d'un char), et par cet humanisme qui ne lâche pas notre bon roi Jean, quoiqu'il advienne. Même dans ces petits trucs fonctionnels, on reconnaît la marque des grands.

Renoir est tout entier ici

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