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12 mai 2021

Chino (Valdez, Il Mezzosangue) de John Sturges - 1973

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Mais que diable est allé faire John Sturges dans cette histoire ? Ou plutôt pourquoi être allé chercher ce cinéaste, certes jadis habile faiseur mais aujourd'hui vieillissant, pour réaliser cette ode paresseuse à la nature, qui rate à peu près tout ce qu'il entreprend au niveau purement westernien de la chose ? On ne sait, mais le fait est que le résultat est piètre, et qu'on serait même prêt à ériger Chino en fossoyeur ultime du genre : le western fut, mais au vu de cet ennuyeux opus, on se dit qu'il est définitivement mort et enterré... ce qui, finalement, est peut-être la seule qualité de ce machin. Il y a dans cette réalisation sans sève une sorte de tristesse crépusculaire peut-être involontaire mais prégnante, qui peut à la rigueur séduire. A la rigueur. Mais c'est bien pour être sympa avec Sturges, qui nous a jadis offert quelques solides divertissements, et qui se retrouve aujourd'hui face à cette histoire sans éclat : un homme retiré de tout, sang-mêlé et misanthrope, croise la route d'un blond bambin en demande de repères paternels et d'émancipation. Hop, il le prend sous son aile et lui enseigne le noble art du dressage de mustangs. Il en profite pour séduire la jeune première du coin, au grand dam de papa qui a tendance à privilégier le fouet pour régler ses problèmes. Il faudra l'appui de ses poteaux indiens et une dose d'abnégation importante pour venir à bout du... de la... des dangers de... ah ben non, pas de dangers, ou très peu, le plus coriace d'entre eux consistant en un cheval fougueux ou en un méchant assommé en deux-deux.

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On le voit : ce n'est pas à cette tramette que Sturges a pu se raccrocher pour fabriquer son western. Complètement vidé de sens et de sève, celle-ci multiplie les pistes mais les laisse systématiquement tomber en cours de route : on croit à un récit d'émancipation, mais le môme passe vite au second plan ; on pense à une histoire de vengeance, mais les fâcheux ont vite fait de se ramasser balle dans le buffet et baffes dans la tronche. Complètement désintéressé par son scénario, et également très vite par ses acteurs (Charles Bronson est définitivement un des pires acteurs du siècle), le bougre se tourne vers ce qu'il connaît : les chevaux. Un peu comme Huston pendant le tournage d'African Queen, il laisse le film se faire, et contemple amoureusement ses canassons s'ébattre dans la belle nature. C'est la seule beauté de Chino : on y découvre un cinéaste revenu de tout, qui ne s'intéresse plus du tout au genre, et regarde de façon presque zen les chevaux, vrais héros de cette histoire. A part ça, il accumule les maladresses et les lourdeurs, à l'image de cette scène d'amour entre Bronson et sa gorette, qui se fait... sur fond de chevaux qui copulent, et au son guilleret d'une musique hippie infâme, il fallait oser. On relève ça et là une vision un peu originale des Indiens, qui ne sont plus des bêtes brutes, mais des êtres de chair et de sang doté d'esprit, ou une mise en scène très sèche qui aurait pu marquer des points. Mais c'est sur les genoux qu'on termine la projection de ce film sans âme et sans nerfs...

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