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16 avril 2021

La Descente tragique (Albuquerque) de Ray Enright - 1948

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Ray Enright nous offre un nouveau petit western honnête et droit, sans vraiment se forcer pour devenir John Ford mais avec suffisamment de talent pour faire passer 90 minutes peinard. Il y a suffisamment d'éléments glamour là-dedans pour justifier le détour : en premier lieu, le toujours impeccable Randolph Scott, le gars bon et pur, courageux et pas manchot avec un pistolet, capable de vous renverser une opinion publique aussi facilement qu'il dompte un jeune veau ou une donzelle gracile. En l’occurrence ici, il va faire les deux, faire passer une espionne félonne dans son camp et basculer la gorette de service dans ses bras virils, ce qui est déjà un exploit en soi-même ; mais il va en plus traverser une série d'épreuves mouvementées : débarquant à Albuquerque pour y bosser pour l'entreprise de transports de son oncle, il se rend vite compte que celui-ci est une enflure qui a asservi toute la ville. Il monte donc sa propre entreprise concurrente, au grand énervement de tonton qui va tout faire pour lui mettre des bâtons dans les rues : incendies, infiltration d'agents, balles dans le dos, sabotage des freins de la charrette, Scott va tout subir, sans se départir de son flegme légendaire. Autant vous dire, donc, qu'il va y avoir de l'action dans ce petit western sympathique... enfin sur le papier, parce que c'est vrai que le film manque un petit peu de souffle et de rythme, et que Enright semble plus passionné par le portrait de sa petite ville que par les moments de tension. Par exemple, la fameuse descente du titre français, qui consiste à transporter des tonnes de minerai brinquebalant sur une charrette de 18 tonnes tirée par 25 mules sur un chemin de flanc de montagne épais comme mon bras,  promet monts et merveilles, annoncée qu'elle est depuis 80 minutes ; et elle s'avère toute piètre, se résumant finalement à un frein brisé et à deux-trois grimaces un peu paniquées. C'est quand même le comble d'avoir raté une séquence si inratable...

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Bon, ceci dit, Enright n'est peut-être pas un pro de la pyrotechnie, mais il réussit joliment son petit portrait d'une communauté soudée (celle de l'entreprise montée par Scott, et celle d'Albuquerque dans son entier). Les personnages sont très attachants, grâce au bagout de leurs interprètes, de notre Scott impassible à un Lon Chaney parfaitement poilant avec sa clope qu'il garde au bec tout au long de la bagarre épique qu'il mène avec le sus-cité, de la partie féminine de la distribution (notre cœur balance entre Barbara Britton et Catherine Craig) au vieux complice de service, Gabby Hayes, toujours nuancé de mille petits détails biographiques qui donnent du sel au film (il est amoureux d'une "barbière" qui veut lui couper sa célèbre barbe, ira-t-il jusqu'au bout pour les beaux yeux de sa belle ?). Au niveau de la réalisation, Enright est présent et est l'auteur de quelques plans tout à fait nobles, dont un splendide travelling arrière en contre-plongée qui magnifie les deux héros, ou un gunfight final tonitruant et subtilement monté. Tout ça est rehaussé par un petit discours anticapitaliste qui réchauffe le cœur : on est très loin du chef d’œuvre, je le reconnais, mais voilà le programme tout trouvé pour votre film de début de soirée.

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Go old west, here

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