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Shangols
REALISATEURS
GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
15 avril 2021

The Perfect Game (Kanzenna yûgi) (1958) de Toshio Masuda

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Deuxième polar tourné par Masuda en cette année 58 et deuxième satisfaction devant la capacité du cinéaste à mener son intrigue. Au départ une sorte de "coup du siècle" parfaitement huilé, qui n'est sans doute pas kubrickien dans sa précision et son efficacité (on ne s'emballe pas) mais qui demeure parfaitement menée : quatre puis cinq étudiants, fils à papa, vivent de petites arnaques ; ils décident de passer à la vitesse supérieur en montant un coup finaud sur les courses de vélo. L'idée, pour faire court, est d'aller plus vite que l'homme qui transmet les résultats au bookmaker : dès qu'ils obtiennent les résultats d'une course, un des étudiants parie chez un bookmaker dont les bureaux sont loin du lieu de la course. Quand les résultats arrivent quelques secondes plus tard chez le bookmaker, l'affaire est gagné d'avance... Il suffit pour cela d'être parfaitement organisé et de faire fissa. Ils répètent, nos cinq amis, et le grand jour de la course arrive... Tout se passe comme sur des roulettes - il n'y a qu'un hic, le bookmaker n'est pas solvable ; nos cinq collégiens ne se démontent pas et poussent encore un peu plus loin les frontières de l'illégalité...

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Toute la première partie du film est consacrée à la mise en place de cette arnaque et à sa réalisation. Nos cinq zazous ont l'air un peu couillon mais prévoit chaque détail aux petits oignons pour être sûr que tout se déroule à la perfection - et le moins qu'on puisse dire, c'est que toute cette énergie n'est pas perdue... Seulement voilà, cela va avoir tendance à les mettre un peu trop en confiance. On sent bien, une fois cette première partie ascensionnelle achevée, qu'il va bien leur falloir redescendre... Chantage, kidnapping, crise cardiaque, viol, vol et j'en passe (faites votre choix) : le film commençait dans la grosse rigolade, nos cinq adolescents un rien inconscients ne pensant qu'à la thune et aux petites pépés faciles... Mais trop sûrs d'eux, ils vont commencer à déraper, ne prenant guère au sérieux la dimension humaine et ses petites valeurs collatérales (l'amour, l'affection pour une mère malade, la dignité...). Le film s'enfonce peu à peu dans des aspects un peu plus noirs et le pire c'est qu'il n'y a qu'un des cinq étudiants pour garder les pieds sur terre. La tragédie n'est jamais loin et le sentiment d'impunité jamais éternel. Masuda (un cinéma stakhanoviste : une cinquantaine de films entre 58 et 68, Godard peut aller se coucher) livre un polar plein de rire gras et de points noirs assez jubilatoire dans sa dynamique ; notons au passage, parmi les jeunes acteurs, la présence de ce grand dadais d'Akira Kobayashi (qui m'a fait bizarrement penser à Jeff Goldblum !) dont le regard peut se faire d'une grande intensité avec que le visage se fende soudainement d'un sourire béta - un personnage qui contribue pleinement au sentiment de malaise de cette œuvre : une arnaque de gamins qui finit de façon un tantinet morbide... Good game, over.

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