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16 avril 2021

Working Girls (1986) de Lizzie Borden

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Vous avez toujours voulu savoir de quoi était fait le quotidien d'une travailleuse du sexe ? Alors cette œuvre ricaine indépendante des eighties pourrait vous convenir. Borden suit la gâte Molly, une jeune femme comme une autre (vivant avec une femme et une enfant), au physique tranquillement banal (elle est plus proche de Lady Di que de Lady Gaga, dirons-nous, surtout niveau style) : elle est photographe et donc également, à mi-temps, hôtesse chez la guindée Lucy. Entre deux clients (du type entre deux âges, parfois même du troisième, de l'artiste, de l'architecte, du cadre, du prof, même...), entre deux fantasmes (le type qui pense pouvoir redonner la vue à une aveugle grâce à son fameux coup de queue ou le "pongiste" qui aime à se faire fesser par une raquette...), notre amie Molly discute le bout de gras avec ses collègues. Il y a la jeune qui mâchouille du chewing-gum, normalement vulgaire, la débutante, le grand sifflet qui a un peu perdu la main, la black qui n'attire pas les blacks... un sympathique patchwork de donzelle qui enchainent la fellation ou la pénétration en missionnaire comme d'autres taillent leur crayon de papier dans leur bureau. On est dans le quotidien avec ses petits tracas vaginaux, ses clients ennuyants et sa petite bouffe du midi entre amies... Molly baise sans passion mais avec tact, embrasse au besoin le client pas trop collant et enquille ses journées en tentant de garder le rythme... Il y a bien sûr, dans ce taff, rien d'idyllique ni rien de franchement jouissif. Un taff, quoi, avec aussi ses petits points noirs. Tout d'abord, il y a cette boss, Lucy, tirée à quatre épingle, prenant des airs de fille de la haute sous ses airs cruches, une boss qui ne peut s'empêcher de faire des petites réflexions mesquines à ses employées. Elle tient certes la baraque mais manque indéniablement d'humanité par rapport à ces hôtesses pas franchement chichiteuses... Ensuite, forcément, il y a ces clients, ces hommes (so original !) qui aimeraient tant voir la fille ailleurs que dans la chambre violette ou jungle, parce qu'elle a quelque chose de spéciale (on a le même diplôme, avec Molly : une bonne fac de lettres, rien de mieux comme intro à la prostitution), parce que tu vois on serait sur un pied d'égalité alors que là je te paye salope oups j'ai joui, parce que tu vois je pense que je suis un type bien pour toi... Pas toujours évident, pour le coup (par devant ou par derrière), de savoir toujours où se situe la frontière entre vie professionnelle et vie personnelle - c'est la gageure du job qui demande forcément un peu d'expérience et pas mal de recul. Molly, elle, si elle a su rapidement fidéliser ses clients, semble à l'usage (au bout de deux mois seulement), un peu lassée de ces petites intrusions, qu'elles viennent de cette boss ou de ses clients, dans sa vie privée. Autant dire que ça sent le break... Borden aborde le sujet sans ambages, sans érotisme forcé, sans gloire, sans paillettes et a le mérite de donner une image plutôt réaliste de cette profession comme une autre (pour peu qu'on soit capable de supporter ces clients un brin lourdingues parfois...). Honnête portrait correctement interprété mais qui ne fait pas non plus fumer le plastique. 

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