Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Shangols
REALISATEURS
GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
25 octobre 2020

Clara de Philippe Garrel et les étudiants de l’Université de Paris X de Nanterre - 1989

vlcsnap-2020-10-25-12h09m21s920

Une rareté à peine indiquée dans la filmographie de Garrel, et c'est vrai qu'il n'a fait que superviser cette production qui est en fait le travail d'élèves de Nanterre. Ceux-ci s'emparent d'un scénario d'Armand Gatti que le bougre n'a pas pu réaliser lui-même, et livrent une version très "étudiante" de cete histoire. Ma copie ayant subi les outrages du temps, je n'ai pas tout saisi des enjeux de cette trame, mais on peut dire qu'il s'agit de la narration des amours contrariées entre un professeur communiste malade des poumons et une réfugiée tchèque juive à la sortie de la guerre. Ces deux-là passeront leur vie à se rater, depuis leur rencontre au sanatorium jusqu'à leurs finales retrouvailles des années plus tard : elle est mariée, puis arrêtée, puis déportée ; notre homme aura beau lui courir après, obsédé par cette femme qui a fait de sa vie un acte de résistance alors que lui en est resté à la théorie et à pester contre Kafka devant des étudiants déconcertés, leur vie sera gâchée par l'adversité. Une trame romantique et politique, qui raconte aussi bien l'histoire d'un amour impossible que celle du combat politique et personnel contre des idées qui nous débectent. Bon.

vlcsnap-2020-10-25-11h59m20s508

La classe de Garrel illustre studieusement cette histoire par des artifices assez théâtraux, ne cachant rien des aléas du tournage : vent dans le micro, perche dans le champ, répliques ratées et répétées, on est dans la distanciation pour une trame pourtant vibrante et fiévreuse. A intervalles réguliers, une narratrice vient parler face caméra, résumant froidement les années qui passent, et les acteurs, très débutants, ajoutent encore à cette impression de work in progress. Il n'empêche que le film est soigneusement réalisé, avec ces plans lointains sur un couple qui s'enlace, avec ces beaux cadres sur des portes qui restent closes ou s'ouvrent sur un échec, avec cette musique poignante, avec ce sens du petit détail dans lequel on reconnaît notre Garrel (le vent dans le pardessus du héros alors qu'il embrasse sa bien-aimée, la femme filmée comme un tableau de Bonnard lors d'une visite médicale, ces plans très bien éclairés sur la fille qui parle face caméra). Ce n'est guère passionnant,très amateur, souvent trop solennel et assez prétentieux, mais tout de même, c'est du bon travail ; et Garrel n'a pas à rougir de cette promotion d'élèves qui l'ont visiblement suivi aveuglément au point de réaliser un film qui lui ressemble.

vlcsnap-2020-10-25-12h27m33s874

Tout Garrel,

Commentaires
Derniers commentaires