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8 juin 2020

The very black Show (Bamboozled) (2000) de Spike Lee

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Décidément 2020 restera une année noire pour les gens de couleur : pour une fois qu'un cinéaste noir pouvait être président de Cannes... On est à la limite de la conspiration. On se rattrape en effeuillant la filmo de Spike Lee et avec ce Bamboozled (notez au passage la subtilité du titre français) qui date déjà d'il y a vingt ans. Le concept de départ est simple : un concepteur (black) d'émissions de télé propose au patron (blanc) un spectacle mettant en scène tous les bons vieux stéréotypes d'une époque révolue : black face, champs de coton et de pastèques, numéro de claquettes, humour caricatural du bon vieux serviteur noir naïf... Au départ, le concepteur, pense pouvoir ainsi amener une certaine réflexion sur ces codes dont on a abusé par le passé. Mais le show est un immense succès et notre créateur d'émission se prend lui-même au jeu de cette réussite où la satire est de moins en moins visible... Ses acteurs, eux, résistent, se rebellent même, et finissent par refuser de se donner lamentablement en spectacle...

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Les intentions sont bonnes et l'on sent au départ le petit ton grinçant de Lee : dans ce monde de blancs, pas facile pour les blacks de se faire une place au soleil ; il faut pour cela faire des concessions et tenter d'être plus malin que le système lui-même. Seulement voilà, ce système écrase et les quelques petites bonnes intentions du créateur (faire réfléchir l'audience par rapport à ces stéréotypes) sont vite laminées. La machine se retourne contre lui de l'intérieur (des collaborateurs - assistante, acteurs... - en désaccord) et de l'extérieur (un groupe de blacks en colère prend en otage la star du jeu et menace de l’exécuter) ; et comme toujours chez Spike Lee, cela dégénère forcément, la tragédie se retrouvant toujours au rendez-vous. En prime, le cinéaste étale toutes les représentations figuratives ou sur l'écran (films, dessins-animés) de ce "bon noir" tant exploité par le passé ; si cela fait forcément froid dans le dos (ce racisme galopant de nos chers sociétés occidentales dans un passé récent...), le film en lui-même, ultra démonstratif, traçant sa route à grands coups de bulldozer, fait un peu moins son effet. Répétitif a volo, cette posture du créateur d'émission dépassé par son propre concept et ce show montré dans toute sa longueur (la cérémonie du "maquillage" pour atteindre au black face est suffisamment forte en soi pour qu'on n’ait pas besoin d'en rajouter des couches et des couches dans l'humiliation) sont méchamment longuets - on avait compris l'idée, pas besoin de tartiner la chose sur deux heures). Les dérives finales du récit en snuff movie n'étant guère plus réussies, on reste un peu déçu des coutures très lâches de ce récit sur une idée aussi forte - Spike a su faire preuve de plus d'efficacité et surtout de mordant (l’ironie de la chose tourne finalement très court) dans le passé. Au final une œuvre certes "utile" mais beaucoup moins percutante que ce que l'on aurait pu attendre d'un Lee qui se complaît ici dans une certaine facilité formelle. Dommage, d'autant que le film demeure, malheureusement encore aujourd'hui, d'actualité. Black lives, motor !

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