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8 juin 2020

Barcelona (1994) de Whit Stillman

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On retrouve avec un certain plaisir l'ami Stillman qui nous livre ici une œuvre sans prétention sur deux cousins, deux amis un peu prétentieux mais attachants. Ces deux-là se connaissent par cœur, ont une histoire commune (et quelques rancœurs) et se côtoient dans ce Barcelone du début des années 80. Il est vendeur et connaît la théorie (ses mentors) sur le bout des ongles ; il est dans la Marine et a une certaine considération pour son pays. Nos deux célibataires discutent férocement d'amour, de culture, de patriotisme et croisent des femmes relativement charmantes (Tuschka Bergen, Mira Sorvino, Hellena Taylor... une bien belle brochette) avec leur petit caractère et leur pratique libertaire. Des discussions, des clashes, des tensions, des réconciliations… Stillman sous des allures de film très bavard, nous livre une petite et plaisante tranche de vie d’Américains en Espagne solidement écrite et jamais laborieuse.

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Ces deux jeunes gens, à l'air sérieux, à l'humour indéchiffrable (on croirait presque parfois qu'ils sont anglais avec leur petit ton pince sans rire - mais vraiment "sans rire", c'est sûrement en cela qu'ils sont purement ricains), se lancent dans des petites joutes verbales jamais ronflantes ; ils se disputent, ont de petites anicroches (ce passé qui colle à la peau de ce Navy man un brin opportuniste) mais finissent toujours par tomber plus ou moins d'accord sur l'essentiel. Il y a aussi dans ce film cet aspect joliment traité d'Américains en Europe, se sentant jamais totalement compris, un peu paranoïaques parfois, mais reconnaissant aussi volontiers leur décalage culturel - même s'ils défendent leur bout de gras, ils paient aussi parfois leur petit formatage d'origine. Et puis il y a des femmes, non pas des nuées mais des femmes qui comme des lianes tournent autour d'eux ; s'ils parviennent à les séduire, ils doivent également subir certaines différences culturelles qui se rajoutent sur leurs a priori pas toujours très opportuns sur les femmes en général. Ils charment, la jouent confiante, un peu trop sans doute, et elles leur échappent plus souvent qu'à leur tour - mais rien n'est jamais perdu. Le film, en plus d'une belle balade dans ces rues barcelonaises, nous offre, en plus de cette amitié in progress, une sorte de marivaudage à l'américaine teinté bienheureusement d'esprit latin : un mélange assez original et bien mené par un Stillman toujours aussi sûr dans ces cadres et dans sa direction d'acteurs. Bavard mais nourrissant.

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