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17 mai 2020

L'Honneur perdu de Katharina Blum (Die verlorene Ehre der Katharina Blum) (1975) de Volker Schlöndorff & Margarethe von Trotta

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La police et la presse seraient-elles des machines à broyer l'individu ? J'ai envie de dire oui, vu ce que la pauvre Katharina Blum subit. L'histoire, on la connaît, on l'a tous vécu(e) (qui n'est pas sorti avec quelqu'un de gauche ? Quand cela existait s'entend) : Katharina, femme jeune, divorcée, se rend dans une soirée déguisée. Elle y rencontre un jeune homme cool. Ils sortent ensemble, elle le ramène chez lui. Petite ombre au tableau, le type est activement recherché par la police (un terroriste, un anarchiste, un déserteur, un type qui vote à gauche ? C'est jamais totalement explicité, ce me semble). Dès le lendemain, l'appart de la Katharina est investi par les forces de l'ordre : où est passé le gars ? La voilà devant subir un interrogatoire en bonne et due forme (l'Allemand est bon en interrogatoire - c'est culturel, presque), avec toutes les suspicions qui vont avec : elle voyait le mec depuis forcément longtemps, elle l'a forcément aidé, elle est forcément elle-même une terroriste (la preuve, elle a sur sa table de chevet une citation de Marx) ! Comme cela ne suffit pas, parallèlement à cet interrogatoire musclé, la presse-poubelle commence à mettre son nez sur son passé, à aller voir ses proches, ses employeurs, racontant au besoin tout et n'importe quoi pour faire vendre du papier. Bref, Katharina, dite "la Nonne" aurait-mieux fait ce soir-là de se casser une jambe. Et il est où sinon le mec ?

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A défaut d'être dans une grande démonstration de style (de toute façon, l'Allemagne + les seventies, difficile de faire dans l'esthétisme brut - sauf si on aime les variations de marron), on perçoit parfaitement ce tourbillon social et émotionnel destructeur dans lequel est entrainée la pauvre Katharina. Et boum, sa porte est défoncée, et boum ses affaires sont fouillées, et boum, elle fait la une des journaux avec une sorte de rictus déformé sur les lèvres, et boum ses proches sont interrogés, et boum les pires contrecoups lui arrivent (la mort de sa mère… un événement pas forcément sans lien avec « l’affaire »)... les journalistes (surtout un) sont des chiens fouineurs, qui transmettent certaines infos aux flics, puis aux feuilles de chou en racontant ce qui leur semble le plus gras. Katharina, au départ, semble tenir le coup. Une seule chose semble encore lui importer, pouvoir croire en cet amour naissant... Bien qu'elle soit assiégée de toute part et qu'elle fasse l'expérience en peu de temps de la bassesse humaine, la Blum reste néanmoins naïve et va commettre un faux pas fatal. L'entraînant encore plus bas, l'entraînant encore un peu plus à terre... Et c'est souvent quand la bête est blessée (ici, en son for intérieur) qu'elle devient à son tour menaçante pour ses "chasseurs". Et c'est l'escalade... Un film, sans doute, à l'esthétisme un peu daté, mais qui n'a franchement rien perdu de sa fraîcheur dans le fond. Les machines à broyer sont toujours bien en place et l'individu guère plus préservé en soi-disant "cas de crise". Et bloom.

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