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17 mai 2020

La Source thermale d'Akitsu (Akitsu onsen) (1962) de Kijû Yoshida

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Yoshida se prend pour Douglas Sirk et nous livre un mélodrame absolument déchirant. Alors, évinçons dès le départ les petites faiblesses de la chose pour mieux se concentrer sur les capacités émotives de cette histoire d'amour qui n'a jamais voulu dire son nom ; le scénario est un brin répétitif puisque le héros revient je ne sais plus combien de fois dans cette ville d'Akitsu pour retrouver celle qui, dans l'après-guerre, lui a sauvé la vie - et qui l'aime. Oui, à chaque retour dans ce village, Yoshida lâche l'artillerie lourde en faisant péter la très jolie musique concoctée par Hikaru Hayashi : le petit problème, c'est qu'une fois, c'est bien, deux fois, c'est beau, dix fois c'est trop et un peu facile - une déferlante de violon sur deux amants qui se retrouvent, c'est forcément pour enfoncer le clou, encore faut-il savoir en user avec parcimonie pour ne pas donner l'impression de sortir les gros sabots. Bon, voilà, sorti de ces petites réserves, je dois bien avouer que je fus tout à fait sous le charme de cette histoire déchirante interprétée par deux acteurs excellent, la sublime Mariko Okada et l'homme aux cernes, Hiroyuki Nagato.

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Vers la toute fin de la guerre, un pauvre hère vient s'échouer, à bout de force, dans une auberge ; une jeune femme, Okada, va le prendre sous son aile et lui redonner le goût de vivre. En contrepartie, Nagato lui apprendra à picoler et à fumer : un échange de bons procédés tout à fait équilibré. Les deux jeunes gens tenteront même de se lancer dans un double-suicide, lui, déprimé, tentant d'entrainer la belle Okada mais cette dernière, par son rire, finira par sauver la situation. Par ses larmes, lorsque la fin de la guerre sera enfin prononcée, elle gagnera aussi le cœur de Nagato, totalement émue par cette personne entière... Seulement voilà, notre homme a des fourmis dans les jambes, quittera la station... et reviendra... et repartira... Les retrouvailles sont remplies de hauts et de bas, en fonction du degré d'alcoolémie des amants. Parfois, il est complètement bourré et ne parvient même pas à renouer le contact avec elle. Parfois elle est éméchée et tente de l'apitoyer sur son sort. Parfois il se quitte bêtement, parfois plus amoureux que jamais. C'est certes, assez classique, me direz-vous, ce concept de manque, de retrouvailles plus ou moins gaies, d'amour, de séparation brutale... Le fait est que Yoshida et ses deux acteurs sont totalement investis pour nous faire vivre cette sorte d'amour impossible et réussissant parfaitement à nous la rendre crédible ; lui trop tiraillé, trop hésitant, elle un peu aveugle, trop passionnée, ces diverses rencontres donnent lieu à des scènes de beuverie soit pathétiques mais touchantes (leur difficulté à s'avouer leur amour), soit pleines de bonheur (ils consomment leur amour, marchent sous les cerisiers en fleurs) mais vite teintées de tristesse : il repart, reprend le train, pour on sait jamais combien de temps... On pense qu'un jour, sans doute, peut-être, ils parviendront enfin, chacun, à voir qu'ils sont faits l'un pour l'autre. Mais c'est un mélo, avec des scènes de gare qui mettent par terre, et donc un drame avec un final déchirant, forcément terrible. Yoshida, oui, met le paquet sur les décors, sait mettre en beauté son actrice, balance sa musique à chaque fois que, c'est peut-être parfois un peu too much mais aussi jamais assez pour peu qu'on marche aveuglément dans ce mélo. Yoshida ne reviendra pas au genre, et montre là une nouvelle corde à son arc qu'il sait indéniablement bander à chaque fois avec une certaine maestria. Ressourçant et magnifiquement triste. 

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