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22 mars 2020

Jane Eyre (2011) de Cary Joji Fukunaga

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Tiens, une petite série d'adaptations de Jane Eyre, ça peut pas faire de mal (toutes les portes sont ouvertes en cette période de confinement sans fin). On commence avec cette version récente signée Fukunaga, une version que l'on qualifierait volontiers de "gris-bleu" tant ces tons-là dominent toutes les scènes d'intérieur. Une certaine fidélité littéraire (j'ai ma conseillère à mes côtés qui confirme, à deux trois détails près - notamment au niveau de la construction avec cette scène d'ouverture située vers la fin du roman et les flash-back qui suivent) et une vraie découverte avec cette petite Mia Wasikowska dans le rôle de Jane (des petits airs d'Isabelle Huppert (d'il y a un bon siècle) et ce pas seulement à cause de l'incontournable chevelure rousse). Jane, on le sait, on connaît l'histoire par cœur (ou au moins on fait comme si) accumule les malheurs : orpheline, une tante marâtre, une pension mortifère, un premier amant, comment dire, pas totalement fiable, et des larmes et des larmes. C'est Fassbender qui se coltine le rôle de Rochester et il se montre ici... eh bien un peu décevant, une fois n'est pas coutume - j'irai même jusqu'à dire un peu fade face à cette petite rouquine qui a dix fois plus de chien. Notre maître et notre gouvernante s'apprivoisent, se tournent autour, se plaisent jusqu'à ce fameux coup de théâtre qui fait tout voler en éclats. Poor Jane.

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On apprécie certains décors bien jolis pour ne pas dire teintés de romantisme à l’anglaise, un peu moins cette musique un peu stridente de Dario Marianelli qui lorgne méchamment sur du sous Philip Glass (j'ai même cru qu'il avait pompé la musique de La Moustache - j'ai l'oreille, à défaut d'avoir le nez) et on avoue avoir eu un bon vieux coup de mou au milieu du film lors des longues discussions entre Jane et Rochester au coin du feu… On pourrait dire que l'adaptation reste propre, honnête, même si on attendait, en ce XXIème siècle, de cette énième version cinoche un peu plus de feu et de sang dans le traitement du personnage de Jane. La bougresse n'a droit qu'à une scène ou deux où elle peut un tantinet élever la voix, montrer de quel bois elle est faite et faire front avec tout son tempérament face à ce monde masculin ; quand elle hausse le ton la petite Mia se révèle d'ailleurs tout à fait crédible et parvient même (enfin) par faire monter l'émotion... Malheureusement cela arrive un peu tardivement dans le film et ce genre de séquence est par trop rare. Fukunaga semble faire plus confiance à l'accumulation de malheurs qui tombent sur les épaules de Jane pour faire craquer le spectateur que sur l'aplomb et le charisme de son héroïne. C'est un peu dommageable d'autant que l'adaptation paraît du même coup, malgré les efforts à certains postes (une prod et un casting correct), un peu trop lisse. On attendait mieux, plus d'aspérités, de prises de risque et de caractère justement, de la part du réalisateur de Sin Nombre. Une Jane un peu sage et presque moins couillue que dans le roman.

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