Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Shangols
REALISATEURS
GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
8 mai 2020

Alice et le Maire (2019) de Nicolas Pariser

vlcsnap-2020-02-10-14h37m03s675

vlcsnap-2020-02-10-14h37m12s392

Voilà une chose bien gentillette que cette Alice Demoustier alliée à ce maire luchinesque collombophile : celui-ci n'a plus d'idée, n'est plus en contact direct depuis pffiou avec son électorat, même s'il est persuadé d'agir pour son bien ; celle-là est jeune, fraîche, pleine de bonne volonté ; en deux-trois mouvements, avec ses références littéraires, sa franchise et son bon sens, elle va devenir la coqueluche du maire. A tel point qu'on la consulte pour tout. Dans l'entourage suce-bouliste du maire, on commence à grincer des dents... Le maire, quant à lui, commence à reprendre la confiance, un peu trop même - il en oublierait que dans son petit monde, l'homme politique est un loup pour l'homme politique...

vlcsnap-2020-02-10-14h38m45s606

Les ors de la mairie de Lyon, le côté fortement empesé de l'institution, la mâchoire serrée d'un Luchini un pied déjà dans la tombe versus le petit côté pimpant et intellectuel version 2.0 de la Demoustier. La trajectoire d'icelle est tellement fulgurante qu'on se dit que le maire, un brin imbu de sa personne et pour cause (il décide de tout), est entouré d'incapables... C'est vrai qu'au « service com » notamment, les gens ne brillent pas franchement par leur originalité. C'est mignon tout plein de voir le Luchini se régénérer auprès de cette petite jeunette qui ne mâche pas ses avis. C'est aussi un brin téléphoné et facile en terme de complicité subite : Luchini, las, est entouré de larbins, elle n'a pas à faire grand-chose, la bougresse, pour s'attirer sa sympathie... Leur association, leur réussite sera fulgurante… avant de revenir bien sagement sur terre (flip, flop, chantait l’autre). Au passage, on aura disserté (ce qui n'est pas si courant dans la fiction française, reconnaissons-le) sur la fonction politique et les stratégies (avant et après les élections) à adopter vis-à-vis des électeurs - pas si simple tout cela, dans notre monde actuel, ma bonne dame. Le petit couple Demoustier-Luchini est en verve et tente de tirer le film par le haut grâce à sa "fantaisie" (même si on a quand même affaire à deux dépressifs latents). Leurs discussions sont plutôt légères, parfois teintées d'un brin de réflexion politique, voire philosophique, mais tout cela ne va quand même pas chercher bien loin. Un film qui part d'un bon principe (mettre un peu de sang neuf en politique - il faudrait prévoir pour le coup des réservoirs énormes...) qui s'achève sur un ton doux-amer un peu laborieux et convenu. Ça passe le premier tour, tout juste le second... Pas bien méchant tout ça.  (Shang - 09/02/20)

vlcsnap-2020-02-10-14h37m38s875


Oui, on était à deux doigts du navet total quand même. Le film passe strictement à deux kilomètres de tout ce qu'il aurait pu avoir d'intéressant, et se contente de s'asseoir mollement sur ses deux acteurs vedettes (pas trop mal mais franchement pas dirigés : Demoustier ne joue rien comme à son ordinaire, Lucchini surjoue tout comme à son habitude) et de dérouler son scénario convenu. Si Pariser s'était concentré sur les rapports entre ces deux-là, peut-être qu'il aurait pu accoucher d'un truc intéressant. Mais il veut aussi traiter d'autres sujets, comme la vie amoureuse de son Alice (complètement inintéressante pour le coup) ou les dessous de la politique (des manigances de couloir et des petites jalousies internes, certes justes mais très attendues). Son film finit par réunir quelques rares scènes de discussion politique entre Alice et ce maire fatigué ; et on se dit que la belle n'apporte quand même rien du tout à la politique locale. La plupart du temps dépassée par des dossiers qu'elle ne maîtrise pas, balancée à la dernière minute dans des réunions chiantes, condamnée à lire des gros livres en 15 minutes, elle court toujours après son job ; et quand elle rencontre enfin le maire, c'est pour échanger des convenances et des clichés sur la fonction politique, que n'importe quel homme politique a étudiés en seconde en sciences économiques. Quelle est cette fameuse transformation qu'elle opère sur le maire, quand on ne voit jamais en quoi son discours est nouveau, en quoi elle vient le bousculer, en quoi elle apporte du sang neuf ? Pariser se contente d'aligner les clichés, et Lucchini a l'air tout bouleversé... Quant au discours "de sa vie" qu'elle est cenée écrire à la fin, il consiste en une succession de phrases anti-capitalistes que pourait prononcer n'importe quel gauchiste à gilet jaune de base après trois apéros, et on hallucine devant le ringardisme de ce qu'amène Alice dans le discours politique. On se prend même à soupçonner ce maire d'êre attiré par la jeune fille pour des raisons beaucoup moins nobles que ce qu'il laisse apparaître : si la politique est menée désormais par des gens comme Alice, le capitalisme a encore de beaux jours devant lui.

alicelemaire

Le film ne serait que sans intérêt s'il était réalisé convenablement. Mais là aussi, ça sent l'amateurisme à tous les postes. Les seconds rôles sont nuls (cette Nora Hamzawi est carrément effrayante), le montage absolument dégueulasse (observez les entrées et sorties des personnages, notamment cette femme qui arrive comme une fleur en plein milieu d'un terrain de foot), les cadres au petit bonheur (la conversation entre Alice et le riche notable lors de la réception à l'opéra : illisible). Même les costumes semblent avoir été récupérés à la braderie du coin et disposés au petit bonheur sur les comédiens, et leur aller comme un skateboard à un pangolin. Vraiment, à part un ou deux détails qui fonctionnent (ce staff qui porte toujours une pile de dossiers, les réunions powerpoint ridicules), le film passe complètement à côté de ses intentions (mais en était-ce vraiment, ou Pariser n'a-t'il pas simplement réalisé une comédie ratée sur-interprétée par la critique ?). Nul, contre-productif, simpliste et assez con.   (Gols - 08/05/20)

Anais-Demoustier-Fabrice-Luchini_0_729_486

Commentaires
A
Et voilà un film habillé pour l'hiver. Et le costume lui va ma foi fort bien !
Répondre
Derniers commentaires