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4 mai 2019

Les Vauriens de l'Epoque Sengoku (Sengoku burai) (1952) de Hiroshi Inagaki

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Il est bon parfois de retrouver la base : un scénario à six mains dont celles de Kurosawa, la présence de l'incontournable Toshiro Mifune en samouraï éternellement errant, une héroïne plutôt sauvage qui a les traits de Shirley Yamaguchi... Bref, on est prêt, avant même que le générique de la Toho soit terminé, pour l'aventure. Et aventure, il y aura. Dès le départ, on est dans l'histoire d'amour impossible sur fond de violence : Mifune est dans les bras d'une certaine Kano (Shinobu Asaji), servante du château, alors même que le dit château risque de se faire raser par des troupes ennemies. S'enfuir ? Lâchement ? Ce n’est pas du genre de Toshiro qui laisse sa dulcinée partir avec un soldat, livre une lutte sans merci et réussit finalement à survivre en tombant dans les mains d'une troupe de bandits... On pense que l'histoire va tourner exclusivement autour des retrouvailles entre Mifune et Kano, eh bien pas forcément. Inagaki nous fait suivre pas moins de cinq personnages : Mifune, Kano (relativement peu d'ailleurs par rapport aux autres, on la perd même un peu de vue), Yakeiji (un soldat balafré dur au mal), Jurata (un soldat tout jeunot qui rêve de gloire) et enfin l'intrépide Shirley as Oryo. On reconnaît que dans cette ère de la fin du XVIème siècle, on se perd un peu entre les différentes familles et l'on ne sait jamais franchement qui combat qui... Mais l'essentiel est ailleurs. L'essentiel, il est dans les relations que noue chaque personnage, des relations sentimentales shakespeariennes pour le moins : Jurata tombe amoureux de Kano qui aime Mifune. Yakeiji tombe amoureux de Oryo qui aime Mifune (tous les chemins mènent à Mifune, on le sait). Et Mifune, il aime qui vraiment ? L’éthérée Kano qu'il poursuit en vain, ou la sauvageonne Oryo qui lui a sauvé la vie ? Oh c’est bien compliqué tout cela madame...

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On fait rapidement fi des combats et des différentes armées qui se mettent sur la tronche, pour se focaliser sur ces cinq individus au caractère bien trempé. Seul Yakeiji avec ses cheveux longs fait figure de jeune homme opportuniste : il passe entre les gouttes sans être capable de faits d'arme, mais l'on sent que ce dernier pourrait finalement jouer un rôle crucial, qu'il agisse par amitié ou par traitrise... Mifune, royal, a son petit cœur qui bat pour deux femmes : il ne dit rien mais cela convient parfaitement à son air bourru d'éternel insatisfait. A court donc après B qui court après C... C'est en fait un véritable labyrinthe d'émotions dans cette période historique où il n'y a pas que les cœurs qui soient troublés. On apprécie en particulier ces atmosphères embrumées lorsque nos soldats montent la garde sur les murs d'un château en sentant la menace s'insinuer partout ; on aime ces bords de mer pleins d'écume contre lesquels Mifune fait exploser sa rage (il a tué malencontreusement le père d'Oryo et depuis qu'il a perdu sa trace, il s'en mord les doigts... tout en gardant Kano en tête) ; on jubile devant ce final où tout le monde finit par se croiser et par cette tragédie, ces tragédies (trahison, meurtre, suicide...) qui finissent par éclater dans un décor sauvage de toute beauté. Le film, disons-le (et ce n'est pas seulement dû à l'état un peu vieillot de la copie) est relativement crépusculaire, faisant ainsi la part belle aux scènes nocturnes ; cela convient plutôt bien à ces histoires d'amour pleines de frustration, trop souvent à sens unique, sans avenir... Mifune en lion rugissant est comme toujours parfait, qu'il hurle contre douze ennemis qui tentent de lui faire la peau ou qu'il ait ce regard lointain, brumeux, où l'on sent toujours le désir de trouver enfin un jour le repos du guerrier. Un film de guerre sentimental, en un sens, parfaitement mené. Cela a du bon de revenir aux fondamentaux.

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