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29 juillet 2018

La Belle (Grazuole) (1969) de Arunas Zebriunas

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Quoi de mieux pour faire passer la pilule Maya l'Abeille qu'un bon petit film lituanien de Zebriunas sur l'enfance ? Ce film fait partie de ces œuvres "minimalistes" (aussi bien sur la durée, 1 h, que sur le fil conducteur) qui possèdent un charme bien eux, une œuvre faite de micro-événements mais emprunts tout du long d'une certaine magie. Il est ici question d'une petite fille, Inga, qui va naviguer entre joie innocente et sensiblerie, entre deux eaux, si on veut, comme tout enfant qui se respecte. Elle admire sa mère, elle a hâte de grandir pour être aussi belle... A partir de là, de cette simple remarque, on assiste à des saynètes qui sont à la fois ultra-simples et toutes porteuses d'un certain sens métaphoriques. Il sera beaucoup question d'attente, justement (ce chien qui attend sur les quais son maître qui s'est noyé il y a trois mois - le genre de scène qui m’arrache le cœur à mains nues ; d'un morceau de bois extrait d’un balai qu'un petit garçon a mis dans l'eau pour tenter de le faire fleurir ; ce vieux monsieur assis sur un banc devant son ancienne demeure devenue terrain vague comme pour évoquer là encore ce « temps qui passe » - trop lentement pour certains, trop vite pour d’autres...) comme pour "illustrer" toutes les petites frustrations de l'enfant. Car si Inga semble avoir un "admirateur" attitré (un garçon plus grand qu'elle qui la suit partout), elle est touchée par les critiques d'un gamin, un nouveau venu dans son quartier : dès lors qu'il lui dit qu'elle n'est pas "belle", la chtite s'en trouve toute chamboulée... Aux danses légères d'Inga qui ouvrent le film (un plan aérien qui séduit d'entrée) succèderont des passages où la chtite se trouve toute tristounette devant les réactions de ce bambin un rien pédant. C'est qu'à cet âge, une critique peut avoir l'impact d'une balle tirée à bout portant.

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Je vous l'accorde, l'image de ma version a la même fraîcheur que les dessous d'Yvette Horner (mais les plus chanceux pourront le découvrir au cinéma le 22 août dans une copie sans aucun doute restaurée). Cela n'empêche point le film de vous toucher, par la candeur de sa jeune actrice ou par la justesse innocente de chaque scène. Inga n'a d'yeux que pour ce petit garçon qui vient en aide aux chiens du quartier et osera jusqu’à aller dans un salon de coiffure « moderne » où défilent des bombasses. Elle n'a pas la patience "d'éclore" et pense pouvoir ainsi plaire à ce gamin bien peu courtois... L'attente dans la salle du même nom dure des plombes et la chtite s'échappera au moment même où son tour arrive. Une scène somme toute simpliste mais qui illustre à la perfection de désir d'Inga de grandir et toute sa fébrilité, sa capacité à s'émouvoir pour un rien. Inga, comme toute enfant qui se respecte, est à fleur de peau, capable d'instants de grâce et de tomber dans de micro-dépressions. Zebriunas trouve parfaitement le ton, le rythme, la distance pour exprimer toutes ces petites choses psychologiques qui se jouent dans la tête d'un enfant, pour décrire cet univers, cet imaginaire bouillant que l'on perd sans doute en grandissant. Un grand petit film plein de tact et de justesse. 

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