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Shangols
REALISATEURS
GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
16 novembre 2021

Contre l'oubli (1991) de plein de réalisateurs investis

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On les verra tous, les Godard, tous, pas la peine de nous chercher dans ce domaine. Voici donc ce fameux Contre l'oubli sous l'égide d'Amnesty international, soit une trentaine de courts-métrages qui jouissent d'un certain prestige cinématographique autant au niveau des réalisateurs impliqués (Godard donc, Akerman, Chéreau, Costa-Gavras, Claire Denis, Depardon, Deville, Doillon, Resnais... j'en passe et des moins bon - non, il n'y a pas Lelouch, il aurait fait vomir avec sa caméra l'ex-prisonnier qu'il interrogeait... On peut bien déconner cinq minutes tant ces deux heures sont graves) que des actrices concernées (Gainsbourg, Deneuve, Bouquet, Trintignant, Béart, l'Abbé Pierre... attention, il y a un intrus, qui, indice, ressemble plus à un caméléon qu'à une comédienne). Chacun y va de son petit laïus raisonnablement scandalisé à propos du non-respect de la liberté d’expression : certains écrivent une lettre au président dudit pays (l’Amérique du sud à la cote), d'autres font des montages plus ou moins recherchés ou interrogent simplement les personnes concernées. On a même droit à des clips (Souchon, MC Solaar...) ou à des plans fixes avec voix off (Depardon, la palme, comme d'hab, de la sobriété). Non, ce n'est pas vraiment la fête du slip pendant ces deux heures, vous vous en doutez bien, puisqu’il s'agit d'évoquer à l'échelle du globe des personnes emprisonnées, torturées, sacrifiées (L'Europe s'en sort bien, seuls le Royaume-Unis et la Grèce ayant droit à leurs petites remarques désobligeantes...). Le mot d'ordre commun reste la sobriété et la gravité, on s'en doutait un peu.

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A tout seigneur tout honneur (c'est un peu le responsable du visionnage), Godard décide de filmer le président de Canal (ce serait moins le cas aujourd'hui, hum…) ce bon vieux André Rousselet qui s'indigne, entre deux rendez-vous professionnels, du sort d'un Indonésien arrêté pour avoir été un peu trop avide d'indépendance aux yeux de l'Etat. On reconnait le style eighties-nineties du sieur, image ordinaire d'un patron à son bureau, commentaires qui se chevauchent sur des images fixes, écran de télévision brouillé : ce n'est certes pas le plus démonstratif mais on comprend en creux qu'on peut avoir des responsabilités hénaurmes tout en restant concerné par l'injustice du monde. Bien. Comme on se doit également (enfin je dis ça, on se doit rien) de faire quelques commentaires sur les autres, on se fera un plaisir d’évoquer quelques courts précieux et touchants. Emu, tout d'abord, par la partition de Deneuve (filmée par Akerman) qui s'avance de nuit vers la caméra en récitant une plainte dans un style durassien (enfin, c’est mon ressenti) à propos d'une femme salvadorienne sacrifiée. Deneuve, sans chichis, provoque en quelque seconde une vraie émotion et imprime dans notre petit cerveau le sourire de cette femme que l'on a voulu faire disparaître à jamais. Marie Trintignant filmée par sa mère est également touchante dans sa déclaration et Huppert force tout autant le respect en évoquant l’histoire de cette indienne torturée. Béart (encore belle comme le jour), Gainsbourg et sa voix qui fait frémir ma fille, ou encore Bouquet font très bien le job. Anouk Grinberg, moins. Côté acteur; Piccoli en maître d'école un peu pitre joue la carte "jeune", Bedos, envoyé spéciale en Russie se la pète, et l'abbé Pierre est franchement hilarant (bien sûr que non, hein, mais son imitation du caméléon (j’y reviens) indigné (c’est pire que la neige, bordel !) marque forcément des points). Higelin, en baladin du monde occidental, y met aussi ses tripes (gageons que cela lui jouera des tours un jours... Je pourrais faire aussi un spécial "gens disparus depuis" mais on est pas au César, bon sang)

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On pourrait évoquer en passant le montage au forceps de Jean-Loup Hubert (ouais, on s'y attendait pas vraiment) qui nous démontre frontalement que vouloir faire l'armée n'est pas forcément le signe d'un esprit très éclairé. Bonne surprise. Henri-Cartier Bression assure avec juste quelques photos et Bertrand Tavernier, qui a toujours décidément le nez creux,  prend la défense de Aung San Suu Kyi (mouais, facile). Contre l'oubli, ces nombreux réalisateurs et acteurs investis se positionnent pour ces multiples personnes à l'échelle globale qui ont été simplement punis pour avoir voulu faire entendre dans leur contrée un autre son de cloche. Inattaquable, dans le fond, forcément, mais également souvent intéressant dans la forme tant la plupart des cinéastes, en toute humilité, ont tenté de jouer le jeu difficile de ne pas faire disparaître le propos derrière leur style (quoiqu'ils en aient). Bel exercice dans l'ensemble pour la cause. (Et en cadeau, le lien).   (Shang - 30/05/18)

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Étonnamment, très intéressante, oui, cette suite de courts-métrages éclectiques et indignés, alors qu'on pouvait s'attendre, vu le projet, à un combat d'ego. Seuls quelques cinéastes crânent un peu, et c'est pas forcément ceux qu'on pouvait attendre : Jane Birkin ou Michel Piccoli sont pris un peu en flagrant délit de "faisage", alors que des grosses têtes comme Godard, Leconte, Doillon ou Deville se la jouent très sobre, ce qui convient bien au cahier des charges : une suite de lettres ouvertes adressées aux Présidents des différents pays malmenant les droits de l'Homme, qui en enfermant des dissidents, qui en enterrant les enquêtes autour de louches disparitions, qui encore en traitant la liberté d'opinion et d'expression comme du PQ. Ce sont ceux qui s'appuient simplement sur le talent de leurs acteurs, ceux qui laissent parler quelques images prises ça et là, qui remportent le mieux la partie : c'est effectivement Deneuve, filmée du temps de sa splendeur glacée, et qui dit un texte magnifique avec beaucoup d'intériorité ; c'est Marie Trintignant qui pour une fois est presque sobre dans sa révolte ; ce sont ces journalistes (Paul Amar ou Bruno Masure) filmés comme des êtres humains concernés et qui quittent trente secondes leur image policée. Et ce sont bien sûr les images très fortes amenées par un Doillon frontal (ben aidé par le petit Thomassin), ou notre JLG tourmentant le patron de Canal, ou Depardon réagissant par un seul plan "photographique", qui arrivent à en dire le plus avec le plus simple appareil. Certains minaudent pas mal (Charlotte Gainsbourg mal filmée par Chéreau , Emmanuelle Béart qui cherche son bon profil), d'autres y vont assez frontalement (Guy Bedos qui interpelle Gorbatchev directement devant le Kremlin, très bon moment), mais somme toute ce bout-à-bout parvient à être sainement indigné, et on se prend même à espérer que ces colères seront entendues par les intéressés (on en doute, mais un petit panneau à la fin nous apprend qu'au moins un des cas est résolu). En général, ce genre de projet hyper-clinquant ressemble à un rassemblement de bourgeois se battant pour en être et paraître plus tourmenté que son voisin ; ça n'est pas le cas ici, ces films sont d'une belle simplicité et parviennent à toucher notre petite voix révoltée intérieure.  (Gols - 16/11/21)

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    God-art, le culte

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