Le Labyrinthe (The Maze Runner) (2014) de Wes Ball
Jean-Luc Godard aurait réalisé The Maze Runner, d'aucuns auraient trouvé l'idée géniale, la métaphore grandiose : ces pauvres petits jeunes cobayes - acteurs en devenir - qui sont coincés entre ces quatre murs (du studio) doivent respecter les règles, ne peuvent avoir de libre-arbitre, doivent juste obéir - c'est tout le système hollywoodien. Des producteurs (des araignées géantes avec des pattes qui font sguirk et te coupent en fines lamelles) sont là pour leur rappeler qu'il ne faut pas sortir du rang. L'idée géniale est d'infiltrer dans cette prison l'un des propres créateurs de la chose (un autre ptit jeune talentueux, Thomas dans le film). Le créateur essaie par tous les moyens de redonner de la liberté à son oeuvre, essaie de ne pas se laisser enfermer par cette grosse machine auquel il a pourtant contribué... C'est en insufflant ce petit vent frais, un soupçon d'originalité, que les personnages trouvent peu à peu la sortie, rencontrent le succès... Mais qui dit succès aux States, dit franchise... Oh putain, il y aura donc une suite... La mécanique est bien huilée, implacable, le créateur pris à son propre piège...
Comme malheureusement ce n'est pas Jean-Luc Godard aux manettes (mais Wes Ball, ouais Wes Ball !), il ne sert à rien de se prendre la tête - et automatiquement le résultat paraît un peu con. Nan, c'est sympa cette idée de labyrinthe - toujours bien aimé les labyrinthes personnellement - mais là, on va pour le coup droit dans le mur. De petits jeunes plus stéréotypés que dans une série télé (le bourrin, l'asiatique finaud, le ptit gros émouvant - il meurt à la fin, le ptit gros, bien fait pour vous : il fallait ni avoir envie de voir le film ni lire la chronique : la curiosité est un vilain défaut...), des décors d'une tristesse et d'une pauvreté terrible (du béton et du lierre, les animateurs graphistes ont dû se régaler), des araignées qui ne tissent même pas de toile et un final avec deux ou trois rebondissements tellement faciles et banals qu'on en pleurerait - rien à voir avec la mort du petit gros, donc. Oui, je sais, en période festive, on se laisse aller à regarder un peu n'importe quoi : mais je n'ai foncièrement rien contre un peu d'action ou d'adrénaline... Mais là, brrr... Tout ce béton. Ca ne m'étonne pas que certains critiques finissent par trouver que Edge of Tomorrow est un chef-d'oeuvre dans son genre (on se marre au moins deux fois et le concept de départ est assez finaud... mais passons). Là, s'il faut courir, c'est bien dans l'autre sens. N'entrez pas dans ce labyrinthe, nan - bon je me fais une dernière grosse production ricaine et j'aurai ma dose pour l'année (on abuse toujours, en période de fêtes).