Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Shangols
REALISATEURS
GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
26 avril 2018

The Master (2013) de Paul Thomas Anderson

vlcsnap-2013-07-05-23h15m12s235

Le cinéma d'Anderson, s'il faut reconnaître son caractère très léché au niveau des images, sa science au niveau du montage, a tout de même bien du mal à me convaincre. En essayant de rendre sur-signifiants ses deux personnages principaux (Joaquin Phoenix et Philip Seymour Hoffman "à la parade" - si les observer jouer est souvent rigolo, cela bousille aussi un peu le film à la longue...), en essayant de concentrer toute une époque de l'Amérique en deux individus, la "démonstration" finit à mes yeux par être un peu lourde... D'un côté donc, l'ancien militaire ricain, obsédé par le sexe, violent, alcoolo, un homme des cavernes tout en pulsions... De l'autre, le nouvel éclaireur de l'humanité, obsédé par sa théorie, alcoolo et parano, un prédicateur des temps modernes tout en mots (creux). L'alcool, on a beau dire, est un puissant ferment et nos deux hommes de nouer une amitié impossible, l'homme libre trouvant son maître, le penseur trouvant son cobaye. On se tape de multiples séances scientologiques plus ou moins merdiques, de celles qui permettent au Joachin de faire face à ses traumas (de la psychanalyse "à la dure" où pour faire face à soi, il ne faut pas cligner des yeux - ok) à celles (application 45 ou 3482) qui partent résolument en live et ne mènent guère à grand-chose... Des théories fumeuses dans une Amérique prète à vendre un peu n'importe quoi pour des gens malades prêts à croire un peu n'importe qui. Nos deux hommes antithétiques (la scène dans la prison comme un petit rappel pour les nuls au cas où vous auriez eu du mal à définir la psychologie des deux (anti-)héros) tentent d'allier leurs faiblesses (notamment pour la boisson) pour construire une réelle amitié, mais aussi, chacun de son côté, pour se (re)construire (l'un sur le plan de la respectabilité, l'autre sur le plan psychologique). Cette amitié venue de nulle part (l'explication à deux balles de Hoffman sur leur première rencontre... hum) parviendra-t-elle à survivre ? Oh, oh...

vlcsnap-2013-07-05-23h15m51s101

A chaque épisode de leur vie, on sent qu'Anderson voudrait que l'on tire tout un réseau de sens (la séquence de la moto dans le désert, mon dieu...) sur la "philosophie", la contradiction (l'homme de science et l'homme d'action, le poseur et la boule de nerfs pour faire bref) de ces deux personnages. Ils s'entraident, se rentrent dedans, se prennent dans les bras, chahutent, jouent, rient, se renient etc... Pas facile de concilier deux visions, ben non ma bonne dame, un peu comme si cette Amérique-là (Anderson, l'Histoire de l'Amérique en deux ou trois leçons) était un peu tiraillée de l'intérieur, voyez... A trop vouloir charger (au plomb) ses deux personnages principaux, Anderson finit par les délester de tout réel pouvoir émotif (le passage pathétique sur la fin avec larmes à l'oeil "à la clé"... on y croit pas une seconde...) comme si elles n'étaient finalement que deux marionnettes alourdies par tout ce qu'elles étaient censées incarner. Pas mon trip, PTA, pas vraiment mon cinoche.   (Shang - 05/07/13)

vlcsnap-2013-07-05-23h57m39s96


Malheureusement assez d'accord avec mon camarade, même si je jugerais moins durement que lui ce film qui a au moins le mérite d'être brillant formellement. Anderson fait ici du cinéma de séquences, chacune d'elles ayant ses qualités et ses beautés, chacune étant dotée de ce clinquant assez glacial qui fait la marque du cinéaste depuis maintenant pas mal de temps. Le film nous entraîne ainsi vers des pistes inattendues, le moins qu'on puisse lui reconnaître est d'être surprenant : on est bousculé sans cesse entre comédie et mélodrame, entre des repères qu'on croit immuables sur les personnages et des bouleversements de trame assez bluffantes. Exemple : Phoenix, après 20 minutes de film erratiques et décousues, monte sur un bateau au détour d'un plan anonyme... et hop, nous voilà partis vers une trame surprenante, des rencontres qui vont changer l'existence du personnage. Toutes les scènes sont ainsi soigneusement choisies pour surprendre, opérer le porte-à-faux et nous faire déboucher sur des intrigues qu'on n'attendait pas. Très bien mis en scène, le film a cependant tous les défauts habituels d'Anderson : c'est froid, pas émouvant, très virtuose mais un peu dans les sphères, et on ne comprend jamais vraiment où ce style brillant et ces scènes bigger than life veulent nous emmener. En gros, on ne voit pas de quoi ça parle, une fois sortis les gros sabots décrits par mon compère, auxquels on peut ajouter ceux non moins épais de la recherche de la paternité et la lutte des classes schématisée sur ces deux existences opposées. Si bien qu'on a un peu l'impression, à terme, de grandes orgues pour raconter une petite chose, sauf erreur ou incompréhension de ma part. On écarquille les yeux, on se dit "oh le joli cadre, oh le magnifique bleuté des costumes, oh le sublime cendrier superbement posé sur le splendide meuble magnifiquement éclairé", mais on s'ennuie un peu, se contentant du jeu cabotin de deux grands acteurs. On est deux à n'aimer que très moyennement le cinéma de PTA.  (Gols - 26/04/18)

Master

Commentaires
M
ça veut dire quoi "dans les sphères" ?<br /> <br /> beaucoup aimé Phantom Thread, le premier PTA à m'avoir autant ému!
Répondre
A
Du coup, c'est d'autant plus ridicule de lécher la forme quand le scénario est aussi peu abouti. On ne comprend pas ce que PTA fabrique avec ce film sans enjeu, lui le brillant auteur de "Magnolia" et de Boogie Nights". Déjà, "There will be blood" donnait à fond dans la boursouflure.<br /> <br /> PTA, avec son récent "Phantom Thread", tout aussi décevant, est en train de devenir un ex espoir, une fausse valeur. Dommage.
Répondre
Derniers commentaires