La Vie privée de Sherlock Holmes (The private Life of Sherlock Holmes) (1970) de Billy Wilder
Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur S.H. : pourquoi prenait-il de la cocaïne, que faisait-il la nuit avec Watson (Holmes est-il homo ? That’s the question), faisait-il preuve d’un sens d’analyse hors du commun ou bien n’était-il qu’un simple observateur qui faisait un peu gaffe ?... Après un générique passé à exhumer d’une vieille valise tous les accessoires du maître et un prologue durant lequel Sherlock (prénom tombé en désuétude, bizarrement) tance le professeur Watson (Max Ménier en moins routier) pour avoir raconté dans ses « comptes rendus de cas » un peu n’importe quoi sur son compte, on aura l’occase de découvrir l’homme derrière le mythe, un être de chair et de sang (quoique…) derrière l’esprit (de déduction) qui lui a valu ses lettres de noblesse.
Première sortie de nos deux hommes dans les coulisses d’un théâtre où le "Lac des Cygnes" (is Sherlock black or white ?) vient d’être présenté : si le gars Watson apparaît comme un chaud lapin prenant plaisir à tapoter les jeunes ratines du ballet, Holmes ne semble pas vraiment le gars le plus porté sur la chose… Quand une danseuse étoile l’invite à coucher avec lui pour se reproduire, Sherlock cherche immédiatement une échappatoire (Sorry, Watson prend soin de moi, by night, d’autres questions ?) s’en contrebalançant du qu’en-dira-t-on. Bon il est de la jaquette ou non ?… Si Watson, dans ses mémoires, met le sujet sur la table, il va surtout s’agir par la suite de nous montrer un homme sans guère d’affect - mais avec des petites faiblesses -, doté d’un sens de l’observation évident - mais point de construction spirituelle génialissime -, et, en vrai cartésien, aimant avant tout lever le voile sur de prétendus mystères : cela lui permettant d’occuper son attention… dès qu’il s’emmerde, welcome back dear coke.
Wilder fait la part belle aux jolis paysages et aux autres petites particularités touristiques (l’Ecosse et ses châteaux, le Loch Ness et son fameux monstre…) et les décors signés du grand Trauner, qui peut s’éclater dans les studios de Pinewood, sont éminemment soignés ; le ton est de son côté plutôt léger et badin : pas vraiment de fous-rires mais de petites séquences croquignolettes (il est question de blanche neige et donc forcément de nains - limités à six voire à quatre - ; le combat entre Nessie et nos deux héros ramant ; Watson s’éclatant au milieu des danseuses russes avant que de (gais/gays) mâles prennent leur place ; l’intrigante armée de moines trappistes muets…) même si notre ami Sherlock ne se déride guère… L’intrigue part elle un peu dans tous les sens - de la disparition d’un exploitant de cuivre au Congo au kidnapping de canaris, d’un château écossais en ruines à un monstre du Loch Ness flambant neuf - mais malgré les divers rebondissements et autres personnages incongrus, le rythme traîne un peu des pieds. Wilder fait dans l’humour distancé, ne cherchant pas vraiment à nous rendre attachant son Sherlock guère expansif et démonstratif… On flotte dans une ambiance trouble entre film d’espionnage (gouvernement anglais et agents allemands étant de la partie) et « comédie sentimentale froide ». Gentiment intriguant mais un peu longuet…