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29 février 2012

Sleeping Beauty de Julia Leigh - 2011

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Vous aimez les beaux bijoux clinquants ? Vous aimerez Sleeping Beauty, qui a tout du bel objet d'apparat, encore qu'il s'apparente, la plupart du temps, à l'écrin enfermant le diadème plus qu'à l'objet lui-même. Julia Leigh a bien envie de jouer dans la cour des grands, de partager un peu de soufre avec Buñuel par exemple, en nous livrant cet essai erotico-chicoss sur la prostitution. Une étudiante en manque d'argent accepte de rentrer dans un réseau trouble, où des vieux bourgeois payent pour coucher avec elle alors qu'elle dort (pas de pénétration; c'est la règle). On regarde donc cette jeune fille se faire malaxer par des petits vieillards désespérés par leur soif de sexe et d'amour, scènes érotiques entrecoupées de tranches de quotidien vécues par la jeune fille, entre autres une relation étrange avec un garçon suicidaire. Il faut dire qu'on attend Leigh au tournant : en choisissant un sujet aussi casse-gueule, il faut qu'elle envoie grave, qu'elle y aille à fond sur le soufre et la gêne, qu'elle travaille sur le regard du spectateur. Or, badaboum, les scènes les plus inratables (celles de sexe, donc), s'effondrent comme un vieux flan. Depuis la première scène de partie fine, qui convoque une imagerie super-ringarde que Pasolini aurait mis dans un film pour enfants, jusqu'au catalogue des vieux qui viennent dans le lit de la fille endormie, on soupire devant la frilosité des choix de mise en scène, qui tente de contourner la censure avec tant de zèle que ça finit par ressembler à un téléfilm de M6 : lisse, superficiel, troublant comme un catalogue de la Redoute des années 70. Du catalogue, le film a aussi l'esthétique d'ensemble : le tout est recouvert sous un vernis clinquant de page de mode. Certes, Leigh sait cadrer, sait éclairer, et sait choisir des costumes trop fashion ; mais son film est étouffé sous ce savoir-faire de décoratrice d'intérieur, qui ne fait que cacher un vide abyssal dans le discours. Le film ne raconte, au final, rien du tout, ni sur le sexe, ni sur la vieillesse, ni sur le fantasme, ni sur les jobs d'été étudiants. On attend pendant 1h30 que le film démarre, qu'il vienne enfin nous déranger ; ce sera peine perdue. En lieu et place d'un sujet ou même d'un simple intérêt, on nous déploie des scènes vides, pas très bien jouées (cette Emily Browning porte bien le porte-jarretelles, et j'ai fait le tour de ses talents), et jamais crédibles (les rapports avec le gars suicidaire sont artificiels). Un film qui donnera une petite érection au collégien de base, toujours ça à prendre...

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