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9 avril 2011

Jeux interdits (1952) de René Clément

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Rah j'ai beau à chaque fois serrer des dents, la chtite Paulette (Brigitte Fossey, son premier et son meilleur rôle...) parvient toujours à m'extraire une larme en début et en fin. La façon dont elle balance ses "il est mort" et "elle est morte" assécherait un puits émotif et je ne vous parle même pas du chien (le lancer de chien mort dans la rivière... affreux) que la pauvrette se met à suivre au fil de l'eau... Heureusement Clément parvient à éviter tout véritable pathos dégoulinant grâce au jeu ultra spontané de notre petite tête blonde bien épaulée par ce bon chtit gars Michel tout aussi naturel. L'ambiance pourrait sembler on ne peut plus morbide, avec ces sales Boches qui sèment leurs bombes et la panique (mort des parents de la Brigitte, puis mort du grand frère de Michel suite à la malencontreuse ruade d'un cheval effrayé...) et ce cimetière d'animaux et d'insectes auquel nos deux gamins vont consacrer le plus clair de leur temps, mais là encore le cinéaste parvient toujours à trouver un très juste équilibre entre le drame et l'innocence (cette chtite bouille de Pauline, po, po, po), la tristesse et la drôlerie (les croix volées sur le corbillard et dans le cimetière...), le tragique et le pathétique (la cuillerée d'huile de ricin donné à ce pauvre mourant...) pour que l'atmosphère ne soit jamais plombante.

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On suit nos deux bambins dans leur initiation à la mort : l'ombre de la religion plane au dessus d'eux mais  sans que jamais celle-ci ne soit traitée de façon vraiment sérieuse (le gamin qui mélange le Notre Père et le Je vous salue Marie, qui, après avoir été puni, balance sa petite prière en grappillant sur la table... un bout de son "pain quotidien" ou encore qui, à peine sorti du confessionnal, va tenter de voler une croix dans l’église). Un gamin po vraiment respectueux du Bon Dieu, même s'il est finalement bien le seul, dans la famille Dolle, à connaître le B.A.-ba du petit "croyant" ; de petits jeux "interdits" de la part de nos bambins qui ne poussent finalement pas le bouchon vraiment loin : plus touchant que véritablement choquant, quand on y songe, leur petit cimetière pour animaux étant d'ailleurs mieux entretenu et décoré que celui qui jouxte l’église. Bien innocent ma foi et mignon tout plein, ceci dit sans condescendance aucune puisque cela fonctionne à la perfection.

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Me suis en fait surtout marré à suivre les petits gestes de cette famille Dollé (le côté pragmatique (et mécréant malgré lui) du pater qui continue de réparer le corbillard pendant la cérémonie d'enterrement du fils, le chtite mesquinerie de la mère qui pense bien à remettre l'huile de ricin dans la bouteille juste après la mort de son fils, ces claques assénées par le père à tout bout de champ (il doit s'agir en l'occurence d'un petit rire nerveux)) ou encore à écouter certaines réflexions piquées impunément à ma grand-mère (en particulier les "Alors ça, c'est pas banal"...) On assiste à un véritable Roméo et Juliette campagnard avec ces deux familles voisines qui se haïssent à l'exception donc de la fille Dolle et du fils Gouard qui font l'amour (pardon : "qui mettent la charrue avant les boeufs") dans les foins. Le réglement de compte entre les deux pater familias qui finissent par tomber dans un trou au cimetière constitue le summum du ridicule dans cette farce entre deux véritables pieds Nickelés plus couillons que méchants.

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Esprit on ne peut plus "bon enfant" malgré les circonstances et la petite pointe finale d'émotion qui finit par vous cueillir au moment où vous pensiez pouvoir y échapper - rah nan, ils ne vont pas emmener Paulette à l'orphelinat, ne vont pas oser (on a beau avoir vu le film douze fois, on reste persuadé qu'un miracle va avoir lieu ...). Heureusement Clément nous fait grâce des scènes de séparation entre Michel et Paulette (merci, vieux) sachant jusqu'au bout faire preuve d'une certaine retenue dans le mélodrame. Jeux Interdits reste le film préféré de Guy Maddin (vous en apprenez des trucs super importants sur Shangols, nan ?), une œuvre finalement bien sage (mais à fleur de peau au niveau de l'émotion) par rapport aux œuvres souvent déjantées du Canadien - voilà, voilà... Merci qui, pour l'info cruciale ? (Et même pas parlé de la musique vous remarquerez...)

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