Simon le Pêcheur (The big Fisherman) (1959) de Frank Borzage
Reconnaissons, en introduction, que le film ne bénéficiant point pour l'heure d'une édition DVD, ni d'une sortie en salles chinoises -, j'ai dû me rabattre sur une pâle copie loin de respecter le format en Panavision... A la place d'un péplum, j'ai assisté à un "-éplu-" délavé mais le fan borzagien qui sommeille en moi demeure tout de même satisfait d'avoir pu faire connaissance avec l'ultime oeuvre du maître (Borzage n'ayant point fréquenté longtemps le plateau de L'Atlantide (1961)). On assiste donc à une histoire d'amour impossible entre la chtite Fara (Susan Kohner, un joli minois mais absolument catastrophique quand elle doit jouer l'effroi (son interprétation tourmentée alors qu'elle écoute la bonne parole du Sauveur est limite hilarante)) et le Prince Voldi : histoire de famille, respect des traditions, vengeance à accomplir avant de penser se la couler douce, tout semble fait exprès pour séparer nos deux tourteraux. Mais l'amour chez Borzage ne finit-il pas toujours par triompher ? Ben non, po forcément, et même lorsque la plupart des obstacles paraissent levés, il ne faut jamais croire que c'est complètement gagné.
Fara est folle amoureuse du gars Voldi - ils se tirent la bourre lors de courses de chevaux dignes de Gone with the Wind - mais le prince héritier Deran - son quasi frère vu que le roi a adopté la mimi Fara - lorgne méchamment sur elle (mais comme elle n'est pas 100% pur arabica (ce que doit être toute reine qui se respecte en cette contrée), il rêve, le bougre...). On ne fait pas vraiment dans la finesse mais dans le bon vieux manichéisme et, dès le départ, on sait parfaitement qui sont les super gentils et les bons vieux méchants. Alors que Fara est au chevet de sa mère mourante, elle apprend que son vrai père n'est autre qu'Herod Antipas qui règne sur la Galilée. Il a lourdé salement sa mère et Fara décide de but en blanc de tuer ce fourbe qui a, qui plus est, trahi tout un peuple - elle est à fleur de peau, sa mère venant juste de se gaufrer du lit et de mourir de façon ultra dramatique (on avait pas vu le coup venir, nan...). Elle se coupe les cheveux à la Jeanne d'Arc, et vas-y que je traverse le désert sur mon cheval blanc. Le Prince Voldi part automatiquement à ses trousses. Fara est volontaire mais elle ne va pas tarder à déchanter - la campagne est littéralement infestée de voleurs. Elle va heureusement croiser dans son périple le gars Simon, un pêcheur taillé comme un joueur de NBA, qui va la prendre sous son aile. Nos deux amis qui sont du genre un peu buté vont croiser sur leur route un gazier de Nazareth qui va tout simplement bouleversifier leur vie - ce ne seront pas les seuls, c'est clair : à force de miracles (refiler la vue à un bébé, ressusciter une vieille) et de bonnes paroles (Tu ne tueras point, tu aimeras ton prochain même s'il a voté UMP), ce type tout de blanc vêtu comme dans une pub pour Ariel, et dont on ne voit jamais que les manches (peut-être qu'en Panavision, il se révèle en entier... (?)), aura en effet une influence cruciale sur leur destin.
On pense que l'on est parti pour un voyage épique avec des centaines de chameaux ou au moins une poignée de dromadaires, mais on va vite revoir nos attentes à la baisse : il y a bien des décors époustouflants, la barcasse de Simon qui se prend vingt-cinq seaux d'eau sur la tronche et un coup de vent énorme qui décoiffe Herod Antipas, on aura surtout droit à des séquences centrées sur les acteurs ; l'immense Simon qui cherche à protèger la frèle Fara - volontaire et têtue comme une mule -, le couple diabolique formé d'Herod Antipas et de sa femme ultra sensuelle, Voldi dont on suit les multiples aventures, ou encore le faux-cul Daran qui a la foi quand ça l'arrange... Il y a quelques belles séquences lyriques avec un Jésus quasiment invisible (un soupçon de mystère en plus assez bienvenu), des scènes plus dramatiques - notamment les confrontations entre Fara et son saloupiot de pater (va-t-elle le trucider oui ou non, suspense...) - et malgré moults détails "historiques", le récit est particulièrement limpide à suivre. Il faut tout de même reconnaître que la grande histoire sentimentale annoncée au départ tourne en fait assez court, nos deux "héros" laissant rapidement leur place - c'est humble - à la "sainte parole biblique" : notre petit couple ne récupère du coup que des miettes du récit, mais a droit malgré tout à deux belles séquences de baiser ultra langoureux - et un final qui scie en deux : maissss, arghhh!... Un péplum qui n'a, au final, peut-être rien de franchement transcendant, même s'il est bon de rappeler que sa vision en salle doit forcément beaucoup plus marquer son homme.
à l'aborzage ! clique