Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Shangols
REALISATEURS
GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
7 août 2010

The Ghost-Writer de Roman Polanski - 2010

19223695_jpg_r_760_x_f_jpg_q_x_20100112_025331J'avoue que je ne saisis pas bien la vague d'enthousiasme qui entoure The Ghost-Writer : à moins d'être un forcené du classicisme, on ne trouvera là, à mon avis, qu'une belle oeuvre bien charpentée, solide à tous les postes, efficace et carrée ; de là à hurler à la grandeur du cinéma polanskien et à voir là-dedans un chef-d'oeuvre, il y a plus qu'un pas. Pour tout dire, j'ai même été à deux doigts de m'ennuyer dans la partie centrale du récit. Vous pouvez mettre ça sur le compte de mon largage complet au niveau de l'intrigue (j'ai pas bien compris les enjeux, les personnages, et les coups de théâtre m'ont en grande partie échappé, ça a toujours été comme ça avec les polars sophistiqués pour moi, allez comprendre) ; moi j'y vois plutôt un certain relâchement de metteur en scène, et une accumulation de scènes fonctionnelles trop dialoguées et assez fades.

19223717_jpg_r_760_x_f_jpg_q_x_20100112_025649Comme tout le monde l'a dit, la scène d'ouverture commence très fort : un ferry, des voitures qui en sortent, une seule reste, et on comprend en quelques secondes et sans discours qu'un homme est mort. Voilà une ouverture digne de Huston ou de Hitchcock, qui rend visuel tout un pan d'histoire en quelques instants, et lance le film sur les chapeaux de roue : à peine installé dans son fauteuil, on est dans le film, c'est parfait. Idem pour les fabuleuses scènes finales, dont je ne dirai rien pour ne pas dévoiler la chute, sauf qu'elles sont elles aussi remarquables dans l'épure, dans la confiance que Polanski met dans la force purement visuelle du cinéma. Sans mots, il trouve des façons de raconter toutes en ellipses et en évocation, c'est splendide, et on quitte le cinoche avec dans la tête ce fabuleux plan fixe final qui est sûrement un des plus beaux de Polanski.

19204498_jpg_r_760_x_f_jpg_q_x_20091125_060612Mon problème se situe entre les deux, entre cette ouverture et cette fin formidables : le reste du film est du polar sans grande ambition autre que la complexité de sa trame. Si on relève bien entendu quelques inspirations formelles astucieuses (cette baie vitrée qui ouvre sur une sorte de mystère extérieur, et qui rompt avec le côté cosy et trop confortable du bureau du héros), le film déroule son histoire sans vraie idée. Les acteurs sont vraiment bien (mention à Brosnan), la photo est sur-élégante, tout est parfait dans le montage, dans le filmage, dans le rythme ; mais il y manque l'invention, l'originalité. Pour peu qu'on se tape un peu du scénario (ce qui est mon cas), on n'a à se mettre sous les yeux qu'un travail d'artisan un peu vieillot, qui finit par plonger le film dans une certaine banalité. Tout l'enjeu tient dans l'énigme policière, et les tentatives hitchcockiennes du candide impliqué dans une affaire qui le dépasse où tout le monde manipule tout le monde n'arrivent jamais à la simplicité du maître : bavard, The Ghost-Writer est très explicatif, jusqu'au simplisme parfois. On peut voir bien sûr des éléments autobiographiques de Polanski là-dedans, mais je serai pas loin de m'en foutre également : m'est avis que les grands films se doivent de se suffire à eux-mêmes, "hors contexte". Je ne suis pas en train de faire la fine bouche, hein, c'est du bon travail ; mais je rappelerai juste que Polanski est l'auteur de Chinatown... (Gols 18/03/10)


Difficile de vraiment se prononcer sur cette dernière œuvre polanskienne quand on ose la découvrir sur l'écran de 3 cm sur 2 d'une télé d'avion. J'ai un peu honte de vraiment me prononcer définitivement quand je pense qu'un gars a passé des heures et des heures à soigner la couleur de ce film alors même que mon écran possédait, au bas mot, une douzaine de pixels... Malgré tout, je suis relativement d'accord avec l'analyse du gars Gols (cela m'arrangeant doublement, ayant qui plus est une terrible flemme post vacancienne (tiens, le mot n'existe po, c'est bizarre)): l'intrigue centrale de ce film manque en effet terriblement de punch; aucune frénésie à la Frantic, aucune ambiance bizarroïde à la Chinatown, Polanski sert une oeuvre de bon vieux roublard cinéaste sans jamais réellement nous passionner ou  nous éblouir - dommage d'autant que la scène d'ouverture, comme le soulignait l'ami Gols, laissait présager un mystère beaucoup plus trouble. Je reconnais aisément que le gars qui annonçait toutes les cinq minutes une turbulence et demandait d'attacher sa ceinture a eu une terrible tendance a vouloir péter le rythme, et je m'engage auprès de tout lecteur qui considère ce film comme une grande oeuvre du Roman à le revoir dans des conditions dignes de ce nom. En attendant, je garderai le souvenir d'un film un peu fantomatique...   (Shang - 07/08/10)

the_ghost_writer_publicity_still

Commentaires
Z
Et bien qu'est-ce qu'il vous faut ? On a un scénario de première et une mise en scène du même acabit. Evidemment ce n'est pas du pif boum tchac et l'intrigue se dévoile finement au détour d'une réplique ou d'une découverte. La photo est sublime soit dit en passant et on suit intensément cette histoire superbement troussée mais qui ne donne pas dans l'action ni dans le spectaculaire. Pour une fois qu'on a un bon film ! C'est quand même évident…
Répondre
L
Je partage l'avis de Gols, sauf en ce qui concerne le jeu de Brosnan qui est ici, pour moi, à la hauteur d'une composition d'un mauvais Dennis Quaid. Avec comme l'impression que Brosnan joue un président américain plus qu'un prime minister anglais. Passons. <br /> Tout ça pour ne pas dire ce que je voulais dire au départ, et qui est pourtant autrement plus important : entre Rushmore d'Anderson (vu il y a peu) et Ghost Writer, je crois bien être un peu amoureux d'Olivia Williams.
Répondre
Derniers commentaires