Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Shangols
REALISATEURS
GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
17 février 2009

Maman Küsters s'en va au ciel (Mutter Küsters' Fahrt zum Himmel) (1975) de Rainer Werner Fassbinder

J'aime bien cette veine caustique du Fassbinder qui n'épargne ni la société des médias, ni la volonté de briller sous les sunlights ni encore et surtout les différents partis d'extrême gauche. De la gauche caviar au militantisme anarcho-révolutionnaire qui part en quenouille, chacun en prend pour son grade. On retrouve Ingrid Caven, quant à elle, dans le rôle de The star (c'est ça ou fantôme, elle a po tellement le choix) prête à tout pour réussir, quitte à surfer sur la mort tragique de son père... Mais dans quelle société vivions-nous? Bof, 30 ans plus tard, cela a guère changé...

mamakusters2

Pauvre môman Küsters qui apprend que son mari, jusque là un homme sans histoire, vient de trucider le fils de son boss avant de se donner la mort - il était question de plans de licenciement dans l'usine mais, bon, tout de même... C'est immédiatement la ruée de photographes dans la casa, ça flashe dans tous les sens, les questions les plus intimes fusent. L'un des journalistes, un peu plus malin que les autres - l'excellent Gottfried John -, tente de gagner la confiance de la môman pour avoir un maximum d'infos croustillantes; il se fait au passage la fille - l'Ingrid - qui sait que le journalo a ses ouvertures dans le milieu du show-biz (de bas-de-gamme, soyons franc - oui, le show-biz, quoi). Lorsque la môman découvre le papelard du journaliste, elle est horrifiée de voir le portrait qu'il dresse de son mari. Abandonnée, qui plus est, par ses enfants (non seulement l'Ingrid mais aussi son fils qui se fait mener par le bout du nez par sa bourgeoise), elle se rapproche peu à peu du PC qui lui tend une main amie : on lui propose une tribune d'expression pour rétablir la vérité sur son mari... mais ils se font surtout, grâce à elle, de la pub et, derrière leurs beaux discours, elle se rend compte qu'il y a beaucoup de vent... Le couple de communistes vaut d'ailleurs son poids de peanuts en foutage de gueule : ils vivent dans une baraque super cossue et on sent bien qu'ils ne sont po trop pressés de faire la révolution. Elle sympathise alors avec des militants d'extrême gauche qui prennent carrément en otage le directeur du journal à scandales qui a fait paraître l'article sur son mari... Cela se termine dans le carnage, la môman en faisant, la première, les frais - la fin alternative est beaucoup plus pacifiste mais tout autant pathétique... Que ces partis soient ou non dans l'action, le moins que l'on puisse dire, c'est qu'ils pédalent dans la semoule...

mamakusters4

Fassbinder filme sans épate - à peine quelques plans dans un miroir ou dans un rétro de bagnole pour évoquer la fausseté, la dualité du personnage de l'Ingrid - et centre son film sur le personnage de mère "courage" Küsters. Cette dernière ne cesse de se faire manipuler mais continue de garder jusqu'au bout la foi pour tenter de préserver la mémoire de son mari. D'ailleurs Fassbinder ne filme point l'issue du film (on garde une image arrêtée de la mère avant que des commentaires viennent raconter la conclusion de l'histoire) comme pour lui permettre de garder toute sa dignité. Si on ne peut plus faire confiance à ces partis de gauche opportunistes ou à ces feuilles de chou, quelle échappatoire demeure-t-il ?... Cela pourrait d'ailleurs peut-être expliquer le geste totalement désespéré du mari, au début du film, que personne ne cherche vraiment à analyser. Bien pessimiste le père Fassbinder sur le coup mais on ne peut guère lui donner tort... (Moi qui misais tout sur Besancenot... nan je déconne). Que la môman Küsters s'en aille au Ciel, elle le mérite, et qu'elle nous laisse sur cette misérable terre, sniff. Bon, il nous reste le cinéma quand même, soyons sérieux. 

Fassbinder ist in there

Commentaires
Derniers commentaires