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Shangols
REALISATEURS
GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
5 août 2008

Le Bonheur (Schastye) (1934) d'Aleksandr Medvedkin

Le Bonheur, version Medvedkin, est une oeuvre particulièrement enlevée et parfaitement rythmée. On comprend que même le gars Eisenstein fut bluffé par cette réalisation pleine d'allant. Désespoir du moujik totalement écrasé par le pouvoir, seul le kolkhoze peut permettre de voir la vie en rose... Vous allez me dire, politiquement, c'est peut-être un peu tendancieux et vous aurez bien raison. Mais cette petite leçon de communisme anti-cléricale bénéficie d'un ton badin des plus réjouissants.

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Le voisin de Khmyr et d'Anna - qui vivent avec le Pépé - est un propriétaire bourgeois : tout lui tombe tout cuit dans la bouche - littéralement -; le Pépé qui a bien 124 ans est vert de jalousie, lui qui n'a jamais mangé de raviolis. Il entreprend de voler des raviolis, mais, surpris lors de son larcin, il clamse d'une crise cardiaque, la barbe blanche érigée vers le ciel. Khmyr, tout déconfit, promet à sa femme de partir à la recherche du bonheur : il a un coup de bol monstrueux en tombant sur une bourse bien pleine pendant que deux religieux se livrent un véritable combat de catch pour savoir à qui reviendra la bourse. Cupides, les gars, la thune leur échappera. Khmyr achète un cheval mais c'est une feignasse intégrale; pour s'occuper des labours, il a la bonne idée de remplacer le cheval par sa femme, à laquelle il donne gentiment de l'eau dans un seau - elle rame, la mère, et malgré quelques petits malaises, résiste bien. La récolte est bonne, mais nos deux paysans se font taxer de tous les côtés - les popes, les hommes de lois, les usuriers... Il leur reste que dalle au final. Khmyr décide de mourir mais même pour cela il faut une autorisation spéciale. Et pis "le Moujik ne peut point mourir car qui va nourrir la Russie" dit un intertitre plutôt mauvais esprit... On retrouve ensuite la mère Anna qui s'éclate au volant d'un tracteur - le kolkhoze donc -, pendant que son mari plein de bonne volonté fait boulette sur boulette - ah, ah poilant, la réserve de farine qui se barre "en marchant", portée par tous les voleurs - enfin... on en revient quand même. L'échelle est haute mais le Khmyr grimpe et il finira même par pouvoir se payer un super costard. Demain, je cherche un kolkhoze.

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La femme paysanne contre le reste du monde, les religieux de tout crin en prenant pour leur grade, tout comme "les ennemis du peuple" qui saccagent le taff des autres. Heureusement le ton n'est jamais trop plombant, et cette oeuvre d'une heure réserve quelques beaux petits moments : les plans légèrement décadrés des paysans qui rament sur ce sol en pente, les scènes avec le cheval parfaitement dressé qui finit sur le toit de la maison à bouffer le chaume ou qui mime parfaitement son maître quand ce dernier s'endort, le Khmyr s'échinant à poncer son propre cercueil ou encore le combat à grands coups de pastèques contre les voleurs, chaplinesque à souhait... C'est pas la méga poilade des grands soirs, soyons franc, mais assez bien troussé tout de même. Spécial dédicace bienheureuse au gars Chris Marker...

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