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28 mai 2007

Capitaine Blood (Captain Blood) de Michael Curtiz - 1935

bloodEst-ce que c'est la triste pluie de ce mois de mai ? Est-ce que c'est qu'il vaut mieux voir ce genre de film à Noël ? Est-ce que je suis mal luné ? Est-ce que le récent palmarès du festival de Cannes (parfait) incite à plus d'exigence ? En tout cas, j'ai été franchement déçu par Captain Blood, qui est pourtant un des films mythiques de mon enfance.

Il faut bien le reconnaître : le film est très convenu. Succession de clichés tous plus usés les uns que les autres (même si en 1935, ils n'étaient pas encore des clichés), il déroule sa morne trame sans aucune surprise. On a droit à tous les passages obligés du genre "maritime" : compagnons fidèles et roublards, méchants pirates, jeune première fascinée bien qu'offusquée, capitaine au grand coeur et à la bravoure non moindre, etc. L'encaptain_20blood_20errol_20flynn_20dvd_20PDVD_006_01nui, c'est que la forme du film ne vient jamais donner un peu d'originalité à ce scénario délavé : les scènes d'action sont rares (mis à part la bataille finale, plutôt impressionnante, et un duel à l'épée énergique entre Flynn et l'immonde Rathbone), presque évitées par Curtiz, comme s'il avait peur d'affronter ces passages-là. Les décors sont curieusement vides, on n'oublie jamais le studio : la palmeraie est indigemment plaquée sur une toile peinte tristoune, les ciels sont plats, les intérieurs très cheap. Seul le navire de Blood, dans la deuxième partie, est intéressant, dans cet enchevêtrement de filins, de poutres et des trappes. Malgré des jeux d'ombre très joliment faits, Captain Blood ne fait que rarblood_24ement plaisir aux yeux, et c'est ballot. Et puis cette systématisation des gros plans sur Flynn à chaque fois qu'il hurle ses ordres à ses hommes finit par lasser : il a beau crier "Courage compagnons" avec conviction, on a trop souvent l'impression d'assister à des photos de studio destinées à la promotion du film. D'autant que pour une fois, Erroll est mauvais, se contentant de sourire et de rendre ses yeux clairs pour pallier son absence d'émotion. Curtiz, pour le coup, semble n'avoir rien compris à cet acteur précieux, beaucoup plus convaincant par son corps (il est une vraie présence physique dans Gentleman Jim, par exemple) que dans la subtilité de son visage, juste beau. D'ailleurs, les gusses l'ont affublé d'une coiffure totalement ridicucb6le. Et d'une partenaire (Olivia de Haviland, comme d'hab) peu inspirée elle aussi.

Alors bon, je reconnais qu'il y a quelques scènes qui ont du souffle, comme la bataille finale, donc, pas avare en figurants grimaçants, en mâts qui s'effondrent et en cris gutturaux ("hissez le perroquet sur le foc arrière, et hardis, compagnons !", j'adore), ou comme la silencieuse évasion d'un groupe d'esclaves qui s'empare d'un bateau. Mais au final, un quart d'heure de spectacle sur 2 heures de film, on peut demander plus à ce film qui veut désespérément s'inscrire dans la grande tradition du ciné hollywoodien à pop-corn. Le boulet de canon est tombé dans la flotte.

Commentaires
S
Flynn lui fut imposé par la production mais par la suite, Curtiz finit par reconnaître ses qualités. En revanche, Flynn finit par ne plus supporter les aboiements systématiques de Curtiz et ce dans un anglais fort peu orthodoxe.
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G
Merci, Eric. On est bien d'accord sur ce film. Je ne savais pas que Curtiz méprisait Flynn, et ça m'étonne, vu le nombre de très bons films qu'ils ont fait ensemble. Le fait est que, dans ce film-là, il est pas bon (je suis pourtant un fan du gars). Revenez quand vous voulez !
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S
J'avais un souvenir mythique de ce film et comme vous, je fus déçu. Même la bataille navale manque de relief. La vérité est que Flynn, mort de trouille face à Curtiz qui le méprise est loin d'être l'acteur inimitable des chefs d'oeuvre qui vont suivre. Ses harangues sont timides et l'indicible alchimie qu'il formera avec Olivia De Haviland n'est pas encore au rendez-vous. Elle, à seulement 19 ans est plus à son avantage. Le piquant qu'elle met à sa première rencontre avec Flynn sur le Marché aux esclaves est tout à fait réjouissant. Il y a ça et là de grands moments (le procès par exemple) mais il manquait à Flynn un accessoire pour devenir un mythe, sa moustache ! <br /> Je profite de ce premier commentaire pour vous dire tout le bien que je pense de votre blog !
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