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7 août 2006

La Chienne de Jean Renoir - 1931

chienneTourné la même année que le piètre On purge Bébé, La Chienne est un moment bouleversant, où tout le génie de Renoir explose dans la poésie, la sensibilité et le nihilisme les plus complets. Le destin du pauvre petit caissier, interprété par un Michel Simon au-delà du génie, piètre, minable, désespérant de petitesse, et par-là même sidérant de vérité, se déroule inexorablement, avec une totale absence de morale, une totale absence d'issue. On assiste à la déchéance physique et morale de ce type, dont la probité et le courage sont foudroyés par l'amour pour une pute (Janie Mareze, mais pourquoi ne l'a-t-on jamais vue ailleurs ?). Il est manipu1931_La_Chiennelé de bout en bout, aveugle, pitoyable, et on a sincérement mal pour lui (et pour nous, c'est là le grand talent de Renoir).

La mise en scène est une des plus grandes du maître, avec le sommet que constitue le meurtre, longue errance de la caméra entre la fenêtre du crime et la rue pleine de joie et de monde. C'est puissant, d'une tristesse insondable : Carné peut aller se rhabiller. Tous les plans du film sont cadrés entre deux portes, on filme des dos (Michel Simon joue très bien l'homme trahi avec son dos...), des visages cachés, on monte des sons bouffés par la musique ou les bruits extérieurs, on entraîne les personnages dans des valses infernales. Bref, tout est triste, odieux, et pourtant tout est beau. Le rythme est parfait, très rapide souvent pour finir sur des images presque arrêtées, des moments de temps suspendus par le drame. On ne sait plus, en fin de compte, si l'on doit pleurer du vide de l'existence, ou rire de ce destin d'homme sans caractère, qui passe de la beauté (il est peintre au début, et on aperçoit, plans touchants, des toiles de Renoir père) à la déchéance de Boudu. Bouleversant, je vous dis. Renoir...

Renoir est tout entier ici

Commentaires
G
"Janie Mareze, mais pourquoi ne l'a-t-on jamais vue ailleurs ?", avais-je écrit à l'époque... Je suis en train de lire la biographie de Renoir, et j'ai un début de réponse à ma question : sans doute est-ce dû au fait que Janie Mareze est morte avant la fin du tournage de La Chienne... Voilà. N'empêche.
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G
LES jours où j'ai vu ces films (je les ai vus au moins 3 ou 4 fois chacun), j'étais en pleine forme, et j'ai passé un excellent moment. C'est juste que je trouve la poésie du sieur (et celle de Prévert du même coup) un peu passée, et de ce fait j'éprouve plus un bête sentiment de "jolie nostalgie" qu'un réel engouement pour ces films. C'est très bien, je dis pas je dis pas, mais bon... Plus bouleversé par Renoir, sans aucun doute.
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K
dis-moi, ou plutôt rassure-moi, t'étais dans un jour "sans" le jour où t'as vu Hôtel du Nord, Quai des Brumes, Drôle de Drame, Les Enfants du Paradis etc...?
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G
Ah mais non mais non. Je ne suis pas du tout fanatique de Carné (j'aime Le Jour se lève, comme toi, mais sinon, je trouve ça juste plaisant). C'est dit. Ce blog repose plus sur ses goûts étranges (parfois) et discutables que sur son aspect pointu et nécessaire (cf les récentes critiques de panouilles françaises de mon équipier, et nombre de mes propres choix improbables)
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K
retirez moi ça tout de suite, please, ni pointu : vu la filmo du gars, les cinq chefs-d'oeuvre de la période 37/42, ni nécessaire pour vanter les mérites d'un Renoir...
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