Incident on and off a Mountain Road de Don Coscarelli - 2005
Tous les réalisateurs de films d'horreur, à l'exception notable de Carpenter et de Dante, sont-ils de droite (pas de mauvais esprit, les gars, on compte pas Lelouch dans les réalisateurs de films d'horreur, sérieux on a dit) ? C'est la question qu'on se pose en voyant ce film bas du front.
Une nana (qui ressemble à une fille de pub, et c'est normal car ce film est esthétiquement une longue pub) épouse un acteur qui joue comme un pied de Mathilde Seigner, enfin un ancien de je ne sais quel conflit, qui est devenu une machine de guerre. Il essaye bien de lui apprendre 3, 4 trucs (par exemple faire wouuhwouff avec un couteau, utile en temps de guerre), mais elle, quiche comme elle est, elle y arrive pas, elle fait tomber le couteau et elle commence à se dire qu'elle aurait préféré épouser George Clooney. N'empêche que tout ça va lui servir parce qu'il se trouve qu'elle a un accident dans la forêt, et qu'elle tombe sur le vilain : un type pas sympa du tout, pas très urbain (Jean Reno, mais en vert), qui a pour hobby d'enfoncer des outils contondants dans les yeux des gens en disant "grrruumff". Elle met en place ce que lui a appris son Rambo de mari, et comme le méchant a pas lu tout Derrida il est pas très malin et il tombe dans les pièges. Et vas-y que je me plante des ciseaux à ongles dans la joue, et vas-y que je tombe dans les torrents impétueux. Il faut dire qu'il y a un stroboscope qui fonctionne pendant tout le film et que ça le gène pour chopper la gorette. Elle finit par faire très bien wouuf avec le couteau (comme quoi, ça a l'air de rien, mais c'est utile), elle dit yaaa die old bastard et voilà le monstre vert qui pousse son dernier "grummf" (ça résume bien les dialogues). Et puis en fin de compte, on apprend que en fait non mais en fait tout ça c'est ses fantasmes de femme battue, qu'elle a inventé tout ça, que c'est une projection de la nana tout ça tout ça (un mélange du chapitre I de l'oeuvre de Freud, de The Brood de Cronenberg et de Femme Actuelle). Il faut ajouter un vieux qui perd la tête et un viol de la nana qui pourtant au plan suivant a toujours son pantalon, ce qui prouve la solidité de l'appendice phalique de son mec.
Alors je pose la question : ce film est-il signé d'un complice de Bush Jr, avec un discours comme : "on a beau dire, le monde est hostile et il faut apprendre à survivre et à être armé jusqu'aux dents des fois que Jean Reno vienne vous menacer" ? Ou bien, est-ce une critique des séquelles des guerres, une mise en scène des lavages de cerveaux idéologiques de la soldatesque ? J'avoue être partagé, mais vue l'intelligence de l'ensemble, je penche plutôt vers la première.
Il n'en reste pas moins que ce film est une daube au niveau visuel et au niveau de la pure terreur. On n'a pas peur une seconde, tant le méchant est raté et les acteurs mauvais. Ce Coscarelli, que je ne connais pas, se contente de recopier (mal) les (mauvais) films d'horreur, pense que foutre un orage derrière une femme qui crie suffit à déclencher la peur... Qu'on arrête de lui passer les clips de Marylin Manson en boucle, et qu'on lui fasse plutôt découvrir La Féline de Tourneur, histoire qu'il apprenne 2,3 subtilités pour déclencher le suspense.