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26 février 2006

10 on Ten d'Abbas Kiarostami - 2003

poster_10onten1Peut-on aimer (jusqu'à l'érection) les films de Kiarostami et (jusqu'à l'évanouissement prolongé) ceux d'Hitchcock ? Pour y répondre, je viens de revoir ce 10 on Ten austère, difficile et lumineux. 3 plans : un sur le maître au volant de sa bagnole, avec la campagne iranienne en fond (90% du film); un sur son 4x4 qui sillonne les chemins tortueux de ladite campagne; et un qui reprend des extraits de Ten, Le Goût de la cerise et ABC Africa. Et puis le très long monologue de Kiaro pour expliquer sa théorie, en 10 chapitres, à des étudiants en cinéma qu'on imagine dubitatifs. Il faut dire quand même que le film est assez chiant, et qu'on se demande si Kiarostami n'aurait pas eu plus intérêt à en faire un livre qu'un film. Bon, n'empêche...

Quelques réflexions ravageuses ("Comment faire un cinéma sans capitalistes ?" ; "Il faut saisir le réel même s'il ne nous convient pas" ; "Il n'y a pas de sujets au cinéma, ou plutôt il y en a autant que d'hommes"...) , des citations de Nietzche, de Bresson, de Mitterand, des haïkus, des poèmes iraniens. Une rebellion qui s'affirme, un homme libre qui s'exprime, une prise de position esthétique, poétique et politique face au goût commun, au cinéma américain, au public. Jusqu'à un dernier plan (le plus beau du cinéma de Kiaro ?), où la caméra bouge enfin pour cadrer un arbre puis des fourmis.

C'est quelqu'un, putain, ce Kiarostami. Capable de voir deux fois de suite Scènes de la vie conjugale sans comprendre un mot de suédois, de dénoncer "la prise en otage" du public pasans_titrer le cinéma américain grâce à l'émotion factice (le meilleur chapitre : "la musique") tout en rendant hommage à Hitchcock, de contredire allègrement les idées qu'il annonce en usant d'un dispositif qui est presque son strict opposé, de couper le son de son Ten pour prouver que celui-ci ne fonctionne pas sur le dialogue, et de terminer son film en insultant son public...

Outre qu'il peut servir à Bush Jr à prendre des notes sur les emplacements possibles pour implanter une usine d'armement nucléaire en Iran, ce film présente l'avantage de répondre à la question qui me taraudait : oui, on peut aimer (jusqu'aux petits sauts ridicules) Kiarostami et (jusqu'à la démence) Hitchcock.

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