Les Salauds dorment en paix (Warui yatsu hodo yoku nemuru) d'Akira Kurosawa - 1960

Les salauds dorment en paix, c'est un film vachement bien. Je veux dire par là que c'est moins bien que Barberousse, qui est giga-bien, mais mieux que Les bas-fonds qui est juste super bien.

Toshiro Mifune, en contre-emploi total (mais Toshiro Mifune a-t-il un "emploi", étant donné qu'il est génial partout ?) joue un fonctionnaire qui décide de dénoncer un système de corruption affreux au sein de son administration (qui s'appelle L'Office, mais on me la fait pas, j'ai bien reconnu ces enculés des Assedic). En sifflotant entre ses dents, il resserre le filet, en fait baver aux salauds du titre, en n'oubliant pas de tomber amoureux. Le personnage féminin d'ailleurs est vraiment bien, une paralytique avec un grand nez. L'histoire est racontée de façon vraiment originale, avec des trous dans le récit, mais une très bonne "ligne" générale. Jusqu'à un final qui laisse sur le cul.

Kurosawa nous évite de relire Hamlet en en exploitant les côtés les plus beaux (la théorie, les personnages, la grandeur), et accouche d'un de ses films les plus désespérés, même si le ton général est curieusement léger et souvent drôle. On y entend la phrase: "Méfie-toi de ce type : ce n'est pas un homme, c'est un fonctionnaire", et je suis persuadé que Mifune, à un moment, dit "Sunnnntory" qui, d'après les sous-titres, veut dire "Tout à fait" (déception de ce côté-là). La musique a dû se faire tordre de douleur les partisans du Japon japonisant, elle est donc superbe.

Peut-être bien quand même que AK est plus à l'aise avec des chateaux-forts et des forêts sombres qu'avec des costumes trois-pièces. Mais c'est quand même vachement bien.

Est-on d'accord pour clamer d'un commun accord, ami chinois, que Toshiro est le plus grand acteur du siècle, histoire qu'on parte sur de bonnes bases après cette première semaine de blog ?

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