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6 janvier 2023

Godland (Vanskabte land) (2022) de Hlynur Pálmason

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Et l'Islande, ça vous dirait de visiter l'Islande, terre de contrastes et de sources chaudes ? En compagnie d'un prêtre, ça ne vous gênerait pas ? Alors bon, ne vous précipitez pas non plus sur les tickets, car cette petite balade au cœur de cette île nordique n'aura rien d'une promenade de santé. Notre ami Lucas, le prêtre, danois, équipé de son appareil-photo vintage, accompagné d'un Islandais bougon, Ragnar, et d'une poignée d'hommes et de chevaux, s'enfoncent dans ces terres montagneuses, pleines de vallées, de cascades, de volcans, de rivières, sous un temps bien pourri ma foi. Lucas est un homme décidé, têtu, mais entre les réflexions mesquines, les regards torves de ce Ragnar qui se complaît à parler sa propre langue et les difficultés du terrain, notre homme va laisser des plumes en route... Va-t-il y laisser sa foi même ? C'est là en effet toute la question... Il parvient malgré tout à rejoindre un ersatz de village où il doit construire son église. Il est accueilli par un Danois rugueux et ses deux filles - mais pas touche, on est d'accord ? Lucas tente de reprendre le rythme, et des photos, mais le cœur y est-il encore vraiment ?

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On aime ces voyages périlleux, plein de boue et de froidure, on aime découvrir ces paysages merveilleux de carte postale, tant qu'il s'agit justement de carte postale et qu'on nous demande point, sur un bourrin, de gravir col noueux et fleuve dangereux. On sent dès le départ que le Lucas n'est peut-être, pas plus que sa croix, de ce bois-là. Il a la volonté, mais ce genre de périple ne s'improvise pas, et la seule foi n'y suffit sans doute pas... Sans vouloir trop déciller l'histoire, au cours d'un long et lent travelling (... c'était attendu dans ce genre d’œuvre ardue, cette lenteur contemplative et méditative), on se rendra compte que notre prêtre, au cours du voyage, à défaut de rendre l'âme, en perdra une bonne partie ; si son corps survit, il n'est dorénavant plus que l'ombre de lui-même ; faut reconnaître, à le voir dans ses habits noirs circuler dans ces paysages verts, qu'il nous rappelle un certain Donatien croisant au détour d'un chemin un être diabolique... Lucas est-il rongé dorénavant par le(s) mauvais esprit(s) ? Le doute subsiste, mais on ne peut pas dire en tout cas qu'il soit particulièrement jouasse, et que son comportement, vis-à-vis de Ragnar en particulier, respire la bonne humeur... Il y a encore les photos, les balades à cheval, les discussions avec l'une des jeunes filles peu farouches, mais tout cela suffira-t-il pour qu'il ne perde pas la boule, qu'il reste sur le droit chemin ?... Pálmason, pensait-on, allait nous convier à un voyage dans l'espace et dans le temps, de ces voyages qui forgent justement l'âme... Mais le voyage, finalement, assez rapidement, se fait surtout intérieur, et c'est un Lucas retourné comme un gant par ses mésaventures, un prêtre sans foi ni loi en un sens, que l'on finit par découvrir, par explorer. Pálmason, avec ses lents panoramiques (dont un à 360 degrés de la plus belle eau, qui, en un tour de main, nous montre toute la petite agitation de ce village), tourne autour du pot, de notre gars Lucas, avant de nous livrer le pot-aux-roses : toute mission catholique, même guidée par Dieu, est-elle forcément amenée à réussir ? Un match Island vs God rugueusement mené et un "portrait" poignant d'individus dont il faut parfois surveiller la surface. Divinement noir et magnifiquement filmé (ah, ce petit format diapo !), le tout sous le regard inéluctable des saisons qui défilent.

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