Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Shangols
REALISATEURS
GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
10 mai 2021

Be happy, these two Lovers (Kono futari ni sachi are) (1957) de Ishirô Honda

vlcsnap-2021-05-10-13h54m48s688

vlcsnap-2021-05-10-13h54m54s209

Honda n'est pas que l'homme des trois milliards de Godzilla. Cinéaste de la Toho, il nous offre ici une bien belle histoire de couple, un couple pris entre la pince des parents tradi et cette nouvelle époque des fifties,  un âge moderne où il faut ramer pour son indépendance. Wakao (le jeune et gentil joufflu Hiroshi Koizumi) se retrouve avec l'embarras du choix : son boss lui propose de marier sa fille (elle est jeune, jolie et devrait lui assurer une promotion : la carte opportuniste), sa mère lui propose de marier une fille (elle a une dot : la carte tradi et familiale) mais il hésite. Car lui, Wakao, il n'a d'yeux que pour une secrétaire : la plantureuse et timide Yumi Shirakawa. Ni une, ni deux, il lui fait sa déclaration après avoir pris son courage à trois mains (la chtite est soufflée, elle court subitement(petite scèen craquante), s'échappe, s'arrête, l'attend : on verrait presque le feu sur ses joue si c'était en couleurs ; elle est toute émue et transportée). On se dit l'affaire est dans le sac, même s'il doit froisser son patron, même s'il se met en froid sa mère... Eh bien pas si sûr, en fait, car le père de Yumi (Takashi Shimura et sa bouche de carpe) n'est pas du genre conciliateur. Il enquête sur Wakao, le feedback est très moyen, et sa décision tombe comme un couperet : non ma fille, tu n'en feras rien - et tu dois démissionner pour la peine, pour ne plus le revoir... Notre pauvre Yumi va chercher du réconfort auprès de sa sœur (Keiko Tsushima et ses pommettes rieuses) qui a dû elle-même quitter le foyer pour se mettre avec un drôle de musicien (Toshirô Mifune, himself, joueur de cor : le voir entonner une marche nuptiale au cor devrait vous faire la semaine)... Oui, parfois, il faut savoir trancher, des liens, et avoir le courage, de ses envies... Yumi et Wakao se marient dans l'intimité mais l'idylle dure peu - Yumi ne travaille pas et Wakao, tout nerveux, commence à sentir la tension au taff ; nos deux jeunes amants vont devoir faire preuve de solidarité pour faire face - ou pas.

vlcsnap-2021-05-10-13h54m19s082

vlcsnap-2021-05-10-13h54m03s723

Le véritable enjeu de la chose réside dans cette capacité à faire le deuil de ses parents (de leur autorité et de leur sens de la protection qui finalement sont une seule et même chose). Si pour Wakao, il est facile de couper avec sa mère, c'est en revanche plus tendu pour la belle Yumi ; le père multiplie les mises en garde et va jusqu'à cloîtrer sa fille... Quand Yumi surpasse cette difficulté familiale, elle tombe sur un nouvel os avec ce mari (frustré par son taff, après avoir laissé échapper une opportunité sur laquelle a sauté son couillon de collègue) qui ne se confie pas à elle et s'enfonce dans sa dépression... Elle est tentée de retourner auprès de ses parents pour chercher un soutien. Heureusement, sa sœur, qui a définitivement la tête sur les épaules (avoir Toshiro comme mari, c'est du lourd - surtout quand il joue de cor (si, j'insiste)) fait tout pour remettre sa sœur sur la voie de l'indépendance ; oui c'est dur (elle te prend même, la pauvre Yumin une mornifle d'un autre siècle tant son mari est sur les nerfs - mes joues en tremblent encore pour elle), mais il ne faut en rien céder à la facilité du cocon familial (beau discours sur l'émancipation et des femmes et de cette nouvelle génération). Yumi Shirakawa tient parfaitement la barre pour incarner cette héroïne d'abord un peu effacée, puis vaillante, puis dépitée puis à nouveau prête à (re)conquérir (à défaut du monde) son mari. Honda filme au plus sobre et montre qu'il sait aussi bien filmer ses acteurs que des fils électriques qui pètent. Un Honda plein de sentiments qui peinent à éclore et qu'on enfourche forcément avec plaisir.

vlcsnap-2021-05-10-13h55m17s277

vlcsnap-2021-05-10-13h55m28s498

vlcsnap-2021-05-10-13h56m05s495

Sommaire nippon

Commentaires
Derniers commentaires